Macron veut faire peur aux ours

Parmi d’autres mesures impulsées par l’État, Pôle emploi recrute des chômeurs pour « effaroucher » les plantigrades des Pyrénées.

Claude-Marie Vadrot  • 5 juin 2019
Partager :
Macron veut faire peur aux ours
© crédit photo : L’OFFICE NATIONAL DE LA CHASSE ET DE LA FAUNE SAUVAGE (L’ONCFS) / AFP

Le président de la République vient de montrer une nouvelle fois son manque d’intérêt pour la biodiversité et même son mépris pour ce qui reste de faune sauvage, en laissant fuiter les décisions sur l’avenir des ours et des loups en France avant même la réunion prévue avec les associations de protection de la nature sur l’avenir de ces mammifères. Ce faisant, il va à l’encontre du Plan ours 2018-2028, qui avait mis d’accord toutes les parties, et ouvre la voie à de nombreux abus.

Non seulement Emmanuel Macron a donné son accord il y a quelques jours pour qu’une centaine de loups soit abattus dès l’année prochaine, mais il a prié son ministre de l’Écologie de « prendre des mesures » contre la quarantaine d’ours qui peinent à survivre dans les Pyrénées. Ainsi, sans en débattre avec les associations, comme cela était prévu le jeudi 6 juin à la préfecture de Toulouse, le pouvoir a décidé, à la demande des chasseurs et des bergers qui refusent de mettre en œuvre les mesures de protection des troupeaux de brebis, de procéder à l’effarouchement des ours bruns. Il vient de décider, avant toute concertation avec les protecteurs, de faire publier par Pôle Emploi Ariège une annonce pour recruter des « effaroucheurs » d’ours !

Les ours au bout des fusils

Et désormais, les bergers seront informés par SMS, tout comme les effaroucheurs, de la localisation des ours. Cette décision met en danger les ours puisque cela les met à la merci des organisations de chasseurs, qui pourraient faire usage de leurs fusils en prétendant, comme dans d’autres tristes occasions, qu’ils se sont sentis « menacés ». Un cadeau de plus aux chasseurs auxquels le Président vient d’accorder un permis de chasse à prix cassé et de nombreux postes dans les instances chargées de préserver la biodiversité.

Le pouvoir oublie que les ours sont une espèce protégée en état de danger critique d’extinction, d’après les scientifiques. Il n’y a plus aucune concertation pour que soit définie une politique pour améliorer la coexistence pacifique entre l’élevage et la population des ours, dont les prédations sont très faibles et sans le moindre rapport avec celles attribuées aux loups. Dans les deux cas, d’ailleurs, les dégâts sont remboursés par les autorités, même lorsque les propriétaires et les bergers refusent de prendre la moindre précaution et abandonnent leurs troupeaux pendant plusieurs jours. Sans oublier que les chiens errants tuent et blessent de nombreuses brebis.

Toutes les associations concernées ont donc décidé de ne pas se rendre à la réunion de Toulouse.

Écologie Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Aux Frigos, l’amertume des artistes menacés d’expulsion par la Mairie de Paris
Art 16 septembre 2025 abonné·es

Aux Frigos, l’amertume des artistes menacés d’expulsion par la Mairie de Paris

Dans ce lieu culturel du 13e arrondissement de Paris, un collectif d’artistes qui ne parviennent plus à payer leur loyer, lutte pour empêcher leur expulsion par la ville. S’ils croient peu dans les recours, ils espèrent « que ce lieu ne meure pas sans aucun bruit ».
Par Pauline Migevant
« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »
La Midinale 12 septembre 2025

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »

Safia Dahani, docteure en science politique, co-directrice de l’ouvrage Sociologie politique du Rassemblement national aux Presses universitaires du Septentrion, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre
Décryptage 11 septembre 2025 abonné·es

Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre

Plus de 200 000 personnes se sont mobilisées ce 10 septembre. Des chiffres qui dépassent largement les estimations du gouvernement, même si cela reste peu en comparaison de la lutte contre les retraites. Un tremplin vers la mobilisation intersyndicale du 18 septembre ?
Par Pierre Jequier-Zalc
« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »
Entretien 11 septembre 2025

« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »

Historienne et spécialiste des mouvements sociaux et des mobilisations féministes, Fanny Gallot appelle à « désandrocentrer » le travail pour appréhender la diversité du secteur reproductif, aujourd’hui en crise.
Par Hugo Boursier