22, vl’a les e-sondeurs !

Christine Tréguier  • 8 février 2007 abonné·es

«Royal et Sarkozy ont-ils la même cote sur le web ? » , demandait 01 Net la semaine dernière. Ce pourrait être risible, étant donné le peu de crédibilité des mesures d’audience en général, et l’interprétation à laquelle ces chiffres incertains peuvent donner lieu. Mais les nouveaux e-sondeurs comme XiTi, spécialiste en mesure et analyse d’audience Internet, ne plaisantent pas. L’analyse des requêtes effectuées du 1er au 15 janvier sur 67 sites d’actualité révélerait que Ségo devance Sarko avec 63 demandes sur 100. Que les internautes ne s’intéressent que peu aux programmes des deux candidats (respectivement 5,7 % et 3,7 % des recherches) et beaucoup plus à leur vie privée (9,4 % et 6,2 %, avec 4,5 % des requêtes sur Sarko concernant Cécilia). Machisme moyen oblige, seule Ségo a droit à la catégorie supplémentaire « maladresses médiatiques », qui attirerait 6 % des requêtes.

« Ce palmarès des recherches , indique XiTi *, est extrêmement lié à l’actualité des deux candidats… et est donc amené à évoluer au gré des événements politiques (ou non) les concernant. »* En d’autres termes, il est conseillé aux candidats et autres intéressés d’acheter leurs mesures d’audience toutes les semaines, s’ils veulent pouvoir décrypter les coulisses du Net et balancer des « scuds » à leurs adversaires.

Ces mesures d’audience révèlent en tout cas deux choses. La première est que de nouveaux acteurs débarquent dans le grand barnum de la fabrique de l’opinion et qu’ils entendent bien s’engraisser pendant les six mois à venir d’intense propagande… pardon de campagne électorale.

Le second enseignement nous concerne très directement. Ce que nous cherchons et trouvons sur le Net ­ que ce soit via un moteur de recherche ou la fonction « rechercher » dans un site ­ est enregistré et archivé. C’est la loi. Par nos fournisseurs d’accès, par les moteurs eux-mêmes, par les sites et par tous les opérateurs proposant de monitorer le trafic de nos sites. Non seulement nos déplacements à travers le réseau n’ont aucune confidentialité, mais nous n’avons pas notre mot à dire quant à l’utilisation ultérieure de ces données. Ceux qui se les sont appropriées à bon compte peuvent les vendre ou les échanger avec leurs filiales, voire avec des professionnels de la revente (qui le saura ?), les mettre en statistiques, sans jamais être obligés de nous demander notre accord. Leur seule obligation est de déclarer éventuellement le traitement de ces données à la Cnil ou d’avoir un correspondant-maison qui s’engage à « être réglo ». Et d’accepter que ceux qui en font la démarche (ils sont rares) puissent vérifier, rectifier ou faire effacer leurs données. Autant dire que la protection de notre vie privée ­ car il s’agit bien de cela ­ est inexistante.

Temps de lecture : 2 minutes