La solidarité interrogée

D’octobre 2005 à juin 2006 s’est déroulé le séminaire «~Repenser la solidarité au XXIe siècle~», qui regroupait une cinquantaine de chercheurs, des étudiants et des professionnels de la solidarité. L’objectif était d’ouvrir les sciences sociales à la société civile et d’actualiser les recherches portant sur les questions de solidarité.

Un ouvrage de synthèse de ce séminaire vient de paraître, dans lequel sociologues, anthropologues, économistes, philosophes, démographes et politologues interrogent le contrat social dans ce qu’il a de plus actuel. Justice sociale, solidarités familiales et intergénérationnelles, monde du travail, discriminations raciales, ségrégations urbaines, dynamique humanitaire, État providence, autant de questions abordées d’une façon claire et documentée. L’ensemble effraye par sa taille, mais les différentes analyses, en une vingtaine de pages à chaque fois, se distinguent par leurs qualités pédagogiques. Tous les auteurs ont eu le souci d’introduire leur sujet et d’en repenser les fondements de façon à ne pas perdre le lecteur néophyte.

Ouvrir la recherche au reste du monde, c’est aussi la rendre accessible et donc utilisable. Le pari est réussi, et l’ouvrage donne des clefs de compréhension à celui qui, du dirigeant associatif ou politique au «~simple~» citoyen, se sent concerné par les mutations sociales en cours.

À l’heure où l’individualisme domine, Serge Paugam, qui a dirigé cette synthèse, ouvre son introduction par ce que disait Durkheim de la sociologie : « Elle fera sentir [à l’individu] qu’il n’y a aucune diminution à être solidaire d’autrui et à en dépendre, à ne pas s’appartenir tout entier à soi-même. »