Des collectifs rafistolés

Des décisions consensuelles ont calmé le jeu au sein de la dynamique unitaire, le week-end dernier à Bobigny, lors de la réunion des collectifs antilibéraux.

Clotilde Monteiro  • 22 mars 2007 abonné·es

Grisaille et giboulées. La météo du week-end dernier était au diapason du moral des collectifs antilibéraux. Leurs délégués étaient à peine plus de deux cents à s’être déplacés à la Bourse départementale du travail de Bobigny. Cette réunion nationale s’était notamment fixé comme objectif de déterminer si la candidature de José Bové avait permis ou non de rassembler la gauche unitaire et antilibérale, depuis la réunion de Montreuil des 20 et 21 janvier.

L’assemblée clairsemée confirme la fragmentation remarquée au sein du mouvement unitaire à partir de la remise en selle de José Bové. Les nombreuses interventions de la journée du samedi ne sont pas venues démentir la présomption selon laquelle environ 50 % des collectifs étaient loin d’être unis derrière la candidature du leader paysan. Le compte rendu rédigé en fin de réunion regrette « que la gauche antilibérale ne soit pas parvenue à se rassembler pour l’élection présidentielle » et souligne malgré tout que la candidature de José Bové soutenue par « des forces diverses » est légitime, suscite « une dynamique militante et citoyenne » et représente « un élément de la construction de l’indispensable rassemblement de la gauche antilibérale ». Nul doute que des interventions comme celle de Rémy Jean, du collectif des Bouches-du-Rhône et initiateur de la pétition « unis avec Bové », ont pesé sur un tel choix : « La candidature de José Bové ne peut être mise en équivalence avec celles de Marie-George Buffet et d’Olivier Besancenot, qui sont, elles, le résultat du choix de la division. » Rémy Jean ajoutera qu’ « une vraie dynamique s’est mise en place, même si elle n’est pas à la hauteur de nos espérances » . Idem pour François Simon, notant à la tribune que « les collectifs locaux ont réussi à réunir lors du meeting de Toulouse deux mille personnes sans aucune structure partidaire et [cela] malgré l’échec à convaincre les deux « autres B » de rejoindre la dynamique unitaire » . Il choisira de clore son intervention en interpellant son auditoire : « A-t-on déjà vu un marin construire un bateau et le saborder avant de le mettre à l’eau ? Franchissons la première écluse avec José ! »

En parallèle, le compte rendu reconnaît la démarche des collectifs locaux qui ont fait le choix de ne pas s’engager dans la campagne de José Bové. Ceux-ci ont été défendus, entre autres, par Claude Debons, qui, tout en se disant favorable à cette candidature et reconnaissant « sa légitimité particulière » , a demandé que soient respectés « ceux des collectifs qui ne se retrouvent pas dans la candidature de José Bové » , en arguant du fait qu’ « une coordination de tous les collectifs imbriquée dans la campagne de José engendrerait encore plus de division ». En conséquence, la dynamique unitaire a décidé de ne pas soutenir de candidat pour le premier tour de la présidentielle : « Il appartient aux collectifs locaux de définir leur engagement dans la période électorale. » Comme l’avaient préconisé notamment Clémentine Autain, Claude Debons, Éric Coquerel, Roger Martelli, Christian Picquet et Pierre Zarka.

Un modus vivendi qui a permis àchacun de repartir satisfait. D’autant que durant la matinée du dimanche toutes les parties en présence se sont accordées sur un cadre commun définissant les orientations à prendre pour les législatives. Des candidatures unitaires antilibérales seront présentées dans le plus grand nombre possible de circonscriptions. Celles-ci pourront résulter d’un accord entre les collectifs et les autres organisations de la gauche antilibérale sous le contrôle des coordinations départementales. Un label commun à ces candidatures (Alter-gauche et Gauche alternative ont été suggérés) sera défini lors de la prochaine réunion, fixée au 28 avril. Le premier tour sera bouclé. Les collectifs pourront, contrairement à ce week-end, s’appuyer sur des résultats tangibles pour tirer des plans sur la comète des législatives…

Politique
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