Une femme exceptionnelle

Alain Lormon  • 10 mai 2007 abonné·es

Une des rares avocates israéliennes à se consacrer à la défense des Palestiniens, Tamar Pelleg, est devenue une amie de Claire Bertrand, alors que celle-ci était chargée à Amnesty International-France de la question des droits humains en Israël et en Palestine. Claire et son mari, Olivier, ont décidé de « cloîtrer » Tamar pour enregistrer le récit de sa vie. Il en résulte la narration d’un parcours extraordinaire au sens premier du terme.

De sa Pologne natale, d’où elle fuit les nazis avec ses parents ­ elle a alors 13 ans ­, Tamar se réfugie en Union soviétique ( « L’Armée rouge m’a sauvé la vie » , rappelle-t-elle souvent) et travaille pendant plusieurs années dans un sovkhoze au Kazakhstan. En 1943, elle va en Palestine. En 1945, tout en poursuivant ses études, elle est volontaire dans l’armée secrète juive, la Haganah, et participe à la guerre de 1947-1948. Ensuite, elle milite au parti communiste, parti binational, qui lui permet de découvrir la « question arabe », c’est-à-dire le problème palestinien. Éducatrice dans un kibboutz, elle décide à 60 ans de reprendre des études pour devenir avocate et défendre les Palestiniens. C’est dans ce cadre, d’ailleurs, qu’elle se lie d’amitié avec Raji Sourani, responsable du Centre palestinien pour les droits humains à Gaza, qu’elle défend lors de son incarcération, et avec lequel elle collabore étroitement ensuite. D’une force de caractère peu commune, elle continue à 80 ans son activité.

En lisant la vie de Tamar, on traverse un XXe siècle tragique pour les Juifs, puis par contrecoup pour les Palestiniens, « victimes des victimes » comme les a qualifiés Edward Saïd, qui en payent seuls le prix aujourd’hui encore.

Par son combat, Tamar choisit une perspective de réconciliation dans l’égalité.

Idées
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