«~Il faut une prise en charge globale~»

Pauline Graulle  • 14 juin 2007 abonné·es

Les origines de l’autisme ont suscité des controverses. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Jean-Jacques Poncelet: L’autisme est toujours au coeur d’un grand débat. Mais on ne peut le réduire à une origine purement génétique ou à de simples carences relationnelles avec les parents. Sa source est multifactorielle : elle est le fruit d’une défaillance des interactions entre ce qui relève de la neurobiologie, de la neurogénétique, et ce qui provient de déficits de l’environnement. L’essentiel reste que l’enfant présentant des traits autistiques ­ plus ou moins importants ­ est dans l’incapacité d’établir des liens avec le monde extérieur, avec les autres.

Si les interactions sont impossibles, comment dès lors établir le contact ?

Il faut une prise en charge globale de l’enfant. Nous travaillons à redéployer à la fois ses capacités d’interaction et ses capacités cognitives, comme le langage. Nous essayons de recréer avec lui les étapes des processus d’individuation. Dans une approche éducative, nous utilisons donc des objets de médiation comme la peinture, la sculpture… Parallèlement, dans une approche psychothérapique, nous aidons l’enfant à se constituer une enveloppe psychique.

Beaucoup de parents dénoncent un manque de prise en charge, de moyens…

Travailler avec les autistes nécessite du temps et une approche complexe, car la prise en charge est longue, et les fréquences de consultation sont importantes. Même si les structures d’accueil sont souvent en déficit de personnel, dire qu’en France on ne s’occupe pas des autistes est très exagéré ! Les structures au sein desquelles je travaille bénéficient d’équipements importants.

Que deviennent les autistes une fois qu’ils grandissent ?

Contrairement aux enfants, les adultes autistes ne bénéficient pas de structures spécialisées. S’ils n’ont pas acquis suffisamment d’indépendance sociale, ils sont placés dans les Maisons d’action sociale, ou parfois dans les hôpitaux psychiatriques. On ne peut pas réellement guérir de l’autisme. Il s’agit plutôt de permettre aux malades de vivre.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses
Décryptage 25 novembre 2025

L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses

112 plaignantes, 1 gynécologue… et 11 ans d’instruction. En 2027, le docteur Tran sera jugé pour de multiples viols et agressions sexuelles. Plaintes ignorées, victimes oubliées, délais rallongés… Cette affaire témoigne de toutes les lacunes de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Par Salomé Dionisi
« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »
Entretien 25 novembre 2025 abonné·es

« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »

Julia* fait partie des nombreuses patientes qui accusent le médecin gynécologue Phuoc-Vinh Tran de viols et d’agressions sexuelles. Treize ans après les faits, elle souhaite prendre la parole pour dénoncer les dégâts que causent les lenteurs de la justice.
Par Hugo Boursier
Elena Mistrello, autrice italienne de BD expulsée : « Ce contrôle des frontières concerne tout le monde, en premier lieu les migrants »
Entretien 25 novembre 2025

Elena Mistrello, autrice italienne de BD expulsée : « Ce contrôle des frontières concerne tout le monde, en premier lieu les migrants »

Après son expulsion forcée en Italie, Elena Mistrello, autrice de BD italienne dénonce dans Politis les moyens de contrôle, de surveillance et de répression déployés par l’État contre les personnes migrantes et les militants.
Par Pauline Migevant
« Nous, victimes du docteur Tran, perdues dans les limbes de la justice »
Justice 25 novembre 2025

« Nous, victimes du docteur Tran, perdues dans les limbes de la justice »

Au terme d’une dizaine d’années d’enquête, le docteur Tran comparaîtra devant la cour criminelle du Val-d’Oise en 2027 pour 112 viols et agressions sexuelles. Dans une tribune, quarante plaignantes alertent sur les délais de la justice.
Par Collectif