Annapolis, pour quoi faire ?

Denis Sieffert  • 22 novembre 2007 abonné·es

La « conférence de paix » prévue pour fin novembre à Annapolis (Maryland), parrainée par George Bush, risque surtout de servir la communication d’un président américain en fin de mandat et en quête d’une image moins anti-arabe. Sur le fond, il y a peu de chances que les positions se rapprochent. Cela en dépit des nouveaux reculs de Mahmoud Abbas, qui ne se réfère plus aux frontières de 1967 mais aux positions des forces israéliennes « d’avant le 28 septembre 2000 » (c’est-à-dire avant la deuxième Intifada). Pour sa part, Ehud Olmert continue de mettre en garde ses interlocuteurs contre « toute attente excessive » . Certes, Olmert s’est engagé lundi à ne pas construire de nouvelles colonies en Cisjordanie, mais on sait le sens que les dirigeants israéliens donnent depuis toujours à cette formulation : pas de « nouvelles » colonies, mais « extension naturelle » des colonies déjà existantes. Ce qui, pour les Palestiniens expropriés, revient à peu près au même. Mahmoud Abbas demande, lui, que la colonisation « cesse à 100 % » . Mais la question, évidemment centrale, du démantèlement des colonies n’est pas explicitement abordée. Ellele serait, au moins implicitement, si les Israéliens acceptaient que l’initiative de paix arabe de 2003 et les résolutions des Nations unies servent de références communes. Elle le serait, plus explicitement, si la réunion d’Annapolis traçait les frontières d’un futur État, comme le souhaitent les Palestiniens. Mais les Israéliens ne veulent pas d’un tel document. Ils ne veulent pas non plus d’un calendrier contraignant, ni d’une date butoir pour parvenir à la création d’un État. Dans ces conditions, et en dépit de l’annonce de la libération prochaine de 450 prisonniers palestiniens, Annapolis risque d’apparaître comme un nouveau marché de dupes pour l’Autorité palestinienne.

Monde
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

Aux États-Unis, Donald Trump répand la peur des antifas
Reportage 29 octobre 2025 abonné·es

Aux États-Unis, Donald Trump répand la peur des antifas

En septembre, le président américain a qualifié le mouvement antifasciste d’organisation terroriste. Son positionnement est une escalade de plus en plus menaçante dans la bataille menée contre les militants de gauche du pays.
Par Edward Maille
Christian Tein : « Je pensais que l’époque des bagnards était révolue »
Entretien 28 octobre 2025 abonné·es

Christian Tein : « Je pensais que l’époque des bagnards était révolue »

Après un an de détention en métropole, le leader indépendantiste kanak revient sur sa situation et celle de la Kanaky/Nouvelle-Calédonie. Il dénonce l’accord de Bougival de l’été dernier et appelle à un accord qui termine le processus de décolonisation du territoire ultramarin.
Par Tristan Dereuddre
Aux États-Unis, « une esthétique de la peur au cœur de la médiatisation des expulsions »
Donald Trump 20 octobre 2025 abonné·es

Aux États-Unis, « une esthétique de la peur au cœur de la médiatisation des expulsions »

Chercheur spécialiste des expulsions forcées, WIlliam Walters décrypte la façon dont l’administration Trump organise sa politique migratoire. Il explique également comment la communication autour de ces pratiques violentes est présentée comme un « spectacle » pour le public américain.
Par Pauline Migevant
Comment Trump et les Gafam empêchent la résistance contre les expulsions forcées
Expulsion 20 octobre 2025 abonné·es

Comment Trump et les Gafam empêchent la résistance contre les expulsions forcées

L’application ICEBlock, qui permettait d’anticiper les raids des forces spéciales anti-immigration, a été fermée par Apple, en accord avec Donald Trump. Politis donne la parole à son développeur, en colère contre la trahison du géant américain.
Par Sarah Laurent