Nos amies les marques

Christine Tréguier  • 22 novembre 2007 abonné·es

Le petit monde de Facebook est en effervescence depuis quelques jours. Depuis que le réseau social a annoncé le lancement de son nouveau service Facebook Ads. Lors de sa conférence de presse, Mark Zuckerberg, le PDG du site, a explicitement défini l’objectif : « Aider [les] marques à faire partie des conversations quotidiennes entre les membres. » Au programme : campagnes marketing sur des publics ciblés en fonction de leur tranche d’âge, genre, situation géographique, etc., et publicité « de bouche à oreille », en l’occurrence de clavier à écran. Un nouveau concept où les marques ­ Sony, Microsoft, Coca, Nestlé, Monoprix ou la pizzeria du coin ­ vont devenir nos amis et les amis de nos amis. La stratégie est simple : chacune crée son profil. Toute visite sur leur page, commentaire, mention de leur nom ou action en lien avec leurs produits, équivaut à une reconnaissance tacite d’amitié. Il n’y a plus qu’à faire circuler l’information sur ce lien « personnel » entre un membre du réseau et la marque pour que la publicité se propage d’écran en écran. Exemple : Damien est allé regarder une vidéo sur la page Nike. Quand ses amis consulteront le fil d’information pour connaître ses activités récentes (une spécificité de Facebook), un message les informera que « Damien est un fan de Nike » . Idem s’il a acheté un film ou un jeu sur un site partenaire. Et si par mégarde Damien a dévoilé son attirance pour la dernière Toyota, le constructeur nippon s’invitera illico dans son espace personnel.

La nouvelle a immédiatement fait réagir l’Epic (Electronic Privacy Information Center), l’une des puissantes associations américaines de défense de la vie privée. « Les utilisateurs postent leurs données pour leurs amis, pas pour les publicitaires » , a déclaré Guilherme Roschke, l’un de ses responsables. « Si Facebook veut partager ces données avec les publicitaires, elle doit demander la permission. » Mais Facebook a pris ses précautions. Ses conditions d’utilisation stipulent déjà que ses membres lui laissent toute latitude de réutiliser leurs informations. Elle dit ne transmettre aucune donnée nominative. L’accuserait-on de s’approprier le nom ou l’image d’une personne à des fins commerciales qu’elle a déjà prévu la parade. Cette personne a la possibilité de refuser que le message l’impliquant circule. Si elle l’accepte, ce ne serait plus, selon Facebook, de la publicité, mais une sorte de communication « entre amis ».

Un conseil pour éviter ces agressions publicitaires : abstenez-vous d’étaler votre vie privée sur Facebook, et plus généralement sur Internet.

Temps de lecture : 2 minutes