Une ligne floue, floue, floue…

À un an du congrès qui décidera de son avenir, le PCF, réuni en assemblée extraordinaire, n’a « fermé aucune porte » mais n’en ouvre pas non plus.

Michel Soudais  • 13 décembre 2007 abonné·es

Les communistes ont arrêté, dimanche, à l’issue de deux jours de débats, le « mandat » de préparation du congrès qui, fin 2008, doit décider de l’avenir de leur parti et désigner un successeur à Marie-George Buffet. La direction du PCF avait convoqué la tenue de cette assemblée nationale extraordinaire après le 1,93 % de sa secrétaire nationale à l’élection présidentielle, qui a amplifié le déclin historique du parti. En ouvrant un débat « sans tabou » , ce rendez-vous intermédiaire devait offrir un exutoire aux contestataires, qui exigeaient la tenue rapide d’un congrès, et permettre de cadrer les débats en vue du congrès ordinaire. Il avait ainsi été décidé, dès la fin juin, lorsque cette réunion était encore présentée comme un « congrès extraordinaire » ( Politis , n° 958), qu’elle ne donnerait lieu à aucun changement de direction. Ces deux objectifs ont été atteints, au-delà de toute espérance. Car si l’équipe dirigeante reste en place, l’orientation du PCF ne semble pas devoir être remise en cause.

Illustration - Une ligne floue, floue, floue…


Les plus radicaux sont montés au micro, dimanche matin.
MICHEL SOUDAIS

L’un des principaux enjeux de l’assemblée était la possibilité laissée aux courants novateurs de défendre leurs thèses dans les débats préparatoires au Congrès, alliances à gauche ou dépassement du PCF dans la création d’une nouvelle force politique. Deux perspectives rejetées fortement par les orthodoxes, qui crient à « la dissolution » du parti. Jouant de cet antagonisme, les proches de Marie-George Buffet se sont appuyés sur le désarroi des militants confrontés à la perte d’influence de leur parti et leur crainte de le voir totalement disparaître, pour imposer une option médiane : la « rénovation » d’un PCF maintenu dans son autonomie. Une tentative en partie réussie.

En partie seulement, car le texte du mandat adopté par 72,3 % des 1 179 délégués ­ 20,4 % contre et 7,3 % d’abstentions ­ ne ferme aucune porte : « Il ne s’agit d’exclure aucune hypothèse concernant le parti ou sa stratégie, ni de prendre d’avance une orientation que les communistes choisiront à leurs congrès » , précise le texte. Mais néanmoins réussie puisque cette phrase que Marie-George Buffet a été contrainte de rétablir dimanche midi, après que ses proches l’eurent supprimée dans la nuit, est dénuée de portée par la suppression de la phrase qui la suivait initialement et autorisait « l’expérimentation » de rassemblements durables.

Le texte acte d’ailleurs que les discussions expriment « l’attachement politique des communistes au PCF » et « la nécessité de faire vivre et se développer leur parti pendant l’année 2008 » . Nombre de délégués, souvent jeunes, se sont relayés au micro pour imposer qu’il soit précisé que cet attachement est « politique » . Exiger aussi que ne recommence pas « l’expérience malheureuse des collectifs » , celle de « la gauche plurielle » et autres « usines à gaz » , que le parti se réimplante dans les entreprises, porte haut ses couleurs…

Cette montée au micro des plus radicaux a culminé en fin de matinée dimanche, avec l’intervention virulente d’Anthony(notre photo), un délégué de Villeurbanne (Rhône). Partisan d’un parti communiste « de France » , « révolutionnaire » , qui ne renonce ni au marxisme ni au « symbole international du communisme, le marteau et la faucille » , il a accusé la direction nationale d’avoir « écrit le texte par derrière » et lu une motion exigeant sa « démission » . Tremblante et émue, Marie-George Buffet s’est alors emparée du micro pour réaffirmer sa volonté que « vive » le parti communiste « français » . Une demi-heure plus tard, agacée, elle se chargeait elle-même de procéder au vote des amendements.

Dans son discours de clôture, elle s’est appliquée à donner des gages à tous, appelant à « écrire une nouvelle page du communisme » et à « révolutionner le PCF » , sans montrer « un signe de recul sur nos idéaux, nos valeurs » , décrits comme la dernière « digue face aux vagues du renoncement » . Selon elle, le PCF a les « potentiels » pour être « un grand parti moderne, populaire et rassembleur » . Un parti qui ne veut de rassemblement qu’autour de lui et n’envisage de « fronts » que conjoncturels et circonstanciés.

« On agite les talibans du parti pour obtenir un consensus un peu mou » , note amère Dominique Grador, une ancienne présidente du conseil national, persuadée que « l’opinion n’en retiendra rien » .

Politique
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