Danse de vie

Pippo Delbono compose un spectacle fantasmé inspiré par le combat d’un homme contre le sida.

Gilles Costaz  • 24 janvier 2008 abonné·es

Les baladins, qui vont de place en place, deviennent vite sédentaires quand le succès est là. Pas l’Italien Pippo Delbono, qui parcourait l’Italie et l’Amérique du Sud avant de nous stupéfier un soir, à l’invitation d’un lointain festival d’Avignon. Depuis, il présente régulièrement ses spectacles en France mais va et vient, avec sa troupe d’acteurs différents, qu’il a parfois constituée avec des gens rencontrés dans ses errances. Pour son nouveau spectacle, Questo buio feroce (Cette obscurité féroce) , que lui et son équipe jouent en italien surtitré, il a surtout rencontré un livre, le récit de l’Américain Harold Brodkey, qui conte sa vie avec le sida et sa lutte contre la maladie d’une manière tout intériorisée. Delbono dit avoir « retrouvé là son propre voyage, sa propre histoire » . Il n’a pas gardé beaucoup de mots de ce livre, mais c’est de là qu’il est parti pour imaginer cette pièce moins foraine que les précédentes, et plus fantasmatique.

À la première minute, dans un décor entièrement blanc, un homme est couché sur le sol. On découvre son extrême maigreur. Il va être peu à peu entouré de personnes vêtues d’une combinaison, comme si le sida, dont on devine qu’il frappe cet homme décharné, était un mal radioactif. Puis les tableaux qui se succèdent changent le climat : les personnages sont vêtus comme à la Renaissance, ou comme au théâtre. Il y a Arlequin et des héros qu’on identifie. La Mort, elle, vient, reconnaissable, dans une vision multipliée par tout un groupe en noir. Ces apparitions tournent autour de Pippo Delbono qui sourit, parle de sa voix chantante, puis, dans les dernières minutes, danse. Et cette danse, simple, primitive, subjugue. C’est la plus belle image de la vie !

Culture
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Pasolini, la conspiration du pétrole
Théâtre 5 décembre 2025 abonné·es

Pasolini, la conspiration du pétrole

Avec Pétrole, le metteur en scène Sylvain Creuzevault partage avec le public son goût pour l’œuvre de Pasolini, qui accompagne depuis ses débuts son aventure théâtrale. Un passionnant livre d’entretien mené par Olivier Neveux prolonge notre immersion sur la planète Singe, nom de la compagnie de l’artiste.
Par Anaïs Heluin
Romane Bohringer : « Les mères défaillantes ont besoin de soins, pas d’être jugées »
Entretien 3 décembre 2025 abonné·es

Romane Bohringer : « Les mères défaillantes ont besoin de soins, pas d’être jugées »

Dans Dites-lui que je l’aime, adaptation très libre du livre éponyme de Clémentine Autain, aussi présente dans le film, la réalisatrice rend hommage à des femmes, leurs mères, dans l’incapacité d’exprimer leur amour à leur enfant. Elle explique ici comment elle a construit son film à partir du texte de l’autrice, en qui elle a reconnu un lien de gémellité.
Par Christophe Kantcheff
« Mektoub my Love : Canto Due » : un bien sage retour
Cinéma 2 décembre 2025 abonné·es

« Mektoub my Love : Canto Due » : un bien sage retour

Sept ans après, Abdellatif Kechiche complète son triptyque.
Par Christophe Kantcheff
« Aïta – fragments poétiques d’une scène marocaine » : cris et miroitements
Exposition 28 novembre 2025 abonné·es

« Aïta – fragments poétiques d’une scène marocaine » : cris et miroitements

À Bordeaux, le Frac MÉCA reflète la vitalité remarquable de la scène artistique du Maroc – des années 1960 à aujourd’hui – via une exposition chorale qui s’articule autour de l’aïta, art populaire symbole d’insoumission porté par des femmes aux voix puissantes.
Par Jérôme Provençal