La bataille du maïs OGM

Patrick Piro  • 3 avril 2008 abonné·es

La fin du Mon810 dans les champs européens? La Roumanie a fait un pas la semaine dernière vers un moratoire sur ce maïs OGM de Monsanto ­le seul autorisé en culture dans l’Union. Le ministre de l’Environnement a demandé aux agriculteurs de ne pas en semer cette année. Un revirement que Greenpeace qualifie «d’historique» : le pays avait déjà renoncé à 130~000hectares de soja OGM pour entrer dans l’Union, où sa culture est interdite. La Roumanie n’avait certes cultivé que 300hectares de Mon810 en 2007, mais ce pays est le premier producteur européen de maïs: 3 millions d’hectares en culture. Avec le moratoire acquis en Hongrie et en France, le Mon810 voit se fermer les champs des trois plus grands cultivateurs de maïs de l’Union (l’Italie, l’Autriche, la Grèce et la Pologne l’ont également interdit).

Mais la bataille des maïs OGM se poursuit ailleurs. La semaine dernière, l’Union a autorisé l’importation d’une nouvelle variété, le GA21 de Syngenta, pour la consommation animale et humaine mais pas en culture. Comme pour les autres maïs OGM (une demi-douzaine), les 27 n’ont pu se mettre d’accord (9opposants, la France s’est abstenue): c’est donc Bruxelles qui a pris la décision, favorable comme toujours.

En France, vient de démarrer à l’Assemblée nationale l’examen crucial du projet de loi encadrant la culture des OGM en plein champ, «massacré» en première lecture par le Sénat, qui l’a modifié dans un sens très favorable au lobby des transgéniques.

Samedi dernier, des milliers d’anti-OGM ont manifesté en France, et Greenpeace a déposé lundi 9 tonnes de maïs devant le siège de l’UMP à Paris.

Si la gauche votera contre le texte actuel, le parti présidentiel est divisé. On peut cependant redouter qu’une majorité veuille faire payer à Borloo l’audace du moratoire sur le Mon810 et son opposition aux OGM. Le Grenelle de l’environnement, dont l’application rencontre de nombreuses difficultés, en subirait un coup fatal.

Écologie
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