Le roman noir de Vérone

« Roméo et Juliette », une affaire moderne selon Pauline Bureau.

Gilles Costaz  • 15 mai 2008 abonné·es

Un jeune metteur en scène , Pauline Bureau, s’empare de Roméo et Juliette de Shakespeare, le traduit, l’adapte (en compagnie de Benoîte Bureau) et le met en scène. Pourquoi pas ? C’est l’affaire de la jeunesse, cette tragédie de la haine des clans familiaux et de l’amour impossible. Ce nouveau spectacle casse le côté aristocratique en décalant l’histoire à notre époque. Les Montaigu et les Capulet se rencontrent dans une boîte de nuit appelée Le Globe, les familles appartiennent à la petite bourgeoisie, les bagarres et les meurtres tiennent du roman noir. Sur un vaste plateau, quelques parallélépipèdes figurent les différents lieux ; la plus grosse structure, celle où vit Juliette, ne cesse de se retourner, donnant à voir recto et verso, au rez-de-chaussée et à l’étage, la vie étriquée de la famille de Juliette et la solitude désespérée de la jeune fille – jusqu’à ce qu’elle puisse, une nuit, laisser entrer son amant et se mêler charnellement à lui.

Le dialogue a la crudité d’aujourd’hui , les dégaines aussi. L’atmosphère est souvent nocturne, trop nocturne, ne permettant pas toujours de suivre les acteurs dans le détail de leur jeu comme on le voudrait. Les deux interprètes principaux, Alban Guyon et Marie Nicolle, ont une belle implication adolescente mais gagneraient en séduction si les costumes et les lumières étaient plus étudiés. Le rôle de la nourrice est interprété par un comédien travesti, Nicolas Chupin, qui donne une forte drôlerie moderne à la soirée. Alban de Chalvron a également une belle présence en moine ami des amants.

Pauline Bureau s’amuse plus à jouer avec les équivalents modernes qu’elle ne cerne l’explosion de la passion. L’affaire Roméo et Juliette passe au journal télévisé ! Une journaliste commente l’action, et certains événements sont reflétés sur des écrans vidéo. Imparfaite et pleine d’idées, la soirée porte la marque d’un metteur en scène prometteur.

Roméo et Juliette , théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes, Paris, 01 43 28 36 36. Jusqu’au 25 mai.

Culture
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