Mai 68

Politis  • 8 mai 2008 abonné·es

Mai 68 de A à Z

À l’occasion de ce quarantième anniversaire, deux politistes du Cevipof, Jacques Capdevielle et Henri Rey, se sont entourés d’une équipe de spécialistes (Isabelle Sommier, Dominique Desanti, Claude Lelièvre, Janine Mossuz-Lavau, Gérard Mauger, etc.) pour composer un dictionnaire des plus complets sur l’événement 68. Doublé d’une pointilleuse chronologie, l’ouvrage appréhende l’année 1968, non seulement en France mais dans le monde, en multipliant les questions abordées : cinéma, révolution des mœurs, mouvement social, révoltes dans le tiers-monde, question noire aux États-Unis, mouvement des idées…
Dictionnaire de Mai 68, Jacques Capdevielle et Henri Rey (dir.), Larousse, 480 p., 22 euros.

À la base

Le reproche le plus fréquent fait au Génération d’Hamon et Rotman (Seuil) est d’avoir quasiment confisqué l’histoire de Mai 68 au profit de quelques figures célèbres, devenues depuis hommes politiques ou stars des médias. Dans des entretiens réalisés par le journaliste Nicolas Daum en 1988 mais restés inédits à ce jour, 19 anonymes du Comité d’action des IIIe et IVe arrondissements de Paris racontent « leur » mouvement, vécu à la base et sans leader. Un document empli de l’enthousiasme du « joli mois de mai ».
Mai 68 raconté par des anonymes, Nicolas Daum, Amsterdam, 336 p., 17 euros.

Le citoyen au premier plan

« On ne peut pas liquider l’héritage de Mai 68 par décret ! » Voilà ce qui a motivé Christine Fauré, déjà auteure en 1998 d’un petit recueil illustré sur le Mai français, récemment réédité (Mai 68, jour et nuit, Gallimard, « Découvertes »). Dans un essai revigorant, l’historienne salue ici le joyeux élan démocratique inscrit pour elle au plus profond du mouvement de 68. Et c’est le « citoyen, étudiant, ouvrier ou artiste » qui s’est rappelé alors au bon souvenir des gouvernants et technocrates, en empruntant nombre de techniques de protestation aux révolutions passées et, surtout, en donnant à s’exprimer à nouveau l’antique « tension inhérente à l’histoire politique de la France depuis la Révolution, entre souveraineté du peuple et pouvoir représentatif » … Bel héritage !
Mai 68 en France ou la révolte du citoyen disparu, Christine Fauré, Seuil/Les Empêcheurs de penser en rond, 272 p., 17 euros.

Un pavé pour philosopher

À rebours des critiques actuelles contre l’héritage de Mai 68, cause de tous nos maux selon Nicolas Sarkozy et quelques autres, Vincent Cespedes, philosophe né en 1973, salue l’événement 68 dans la pensée. Irruption du désir dans la vie quotidienne, expression de l’urgence de réinventer le monde, Mai 68 constitue pour lui un moment de philosophie à l’état pur, empreint de jeunesse et d’hilarité, qu’il s’agit aujourd’hui de faire vivre. S’appuyant fièrement sur les philosophes dénigrés par Ferry/Renaut dans la Pensée-68, l’auteur livre un essai original dans l’avalanche de publications de ce 40e anniversaire. Pour penser autrement, au présent.
Mai 68, la philosophie est dans la rue !, Vincent Cespedes, Larousse, 288 p., 17 euros.

Idées
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