Google solidaire ?

Christine Tréguier  • 12 juin 2008 abonné·es

Google, qui aime pourtant enjoliver son image, laisse tomber les partenariats avec les moteurs solidaires. Tout a commencé le 22 avril, journée de la Terre, quand Google a annoncé au moteur écolo australien ecocho.com qu’il lui retirait son soutien, qui permettait à ce dernier, en redirigeant les internautes vers Google, de recevoir une petite part des revenus publicitaires du moteur de recherche. Ecocho destine un pourcentage de cet argent à l’achat de crédits de compensation carbone (pour investir dans la plantation d’arbres). Selon Google Australie, ce site était en violation évidente des clauses de nos services et nous avions déjà prévenu son propriétaire. Ces contrats prévoient en effet que les sites affiliés ne doivent pas offrir de compensation aux utilisateurs pour qu’ils regardent les bannières ou fassent des recherches, ni en promettre à une tierce partie. En promettant de planter des arbres, Ecocho aurait fauté.
Et il n’est pas le seul. Google vient aussi de laisser choir, sans préavis, le multimoteur solidaire français Veosearch. Son alter ego Hooseek s’attend à subir le même sort. La nouvelle n’est guère réjouissante, et tous deux disent vouloir miser sur Yahoo. Mais pour combien de temps, si le moteur de recherche sous-traite, comme annoncé, la gestion de sa publicité à Google ?

De toute évidence,le fait de promettre de donner de l’argent à des associations humanitaires ou militantes déplaît à Google, tout comme celui de s’immiscer dans le créneau environnemental, que la multinationale a décidé d’occuper elle-même. Fin 2007, elle lançait l’initiative REC (Renewable Energy Cheaper Than Coal), avec pour mission de financer des projets autour des énergies renouvelables, et de garantir ainsi la compensation carbone de ses gourmandes et polluantes activités. Google « n’est pas le diable » , comme il aime à le dire, mais il n’a, que l’on sache, pas investi contre la faim dans le monde, la défense des enfants ou la protection des espèces végétales. On ne voit donc pas bien en quoi les microdérivations de revenus opérées par les moteurs solidaires peuvent gêner l’entreprise. Après tout, elles ne font que ce que Google demande >: inciter à utiliser son moteur.

Quelle autre explication à cette décision unilatérale de Google USA, confirmée par Google France, d’exclure les moteurs solidaires de son système ? Serait-ce parce qu’une part des données de requêtes effectuées par leur intermédiaire lui échappe ? Ce diable de Google ne veut décidément pas perdre un octet de ce que nous faisons en ligne.

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