« Le problème est généralisé »

Des marins pêcheurs français
ont manifesté vendredi à Madrid avec leurs collègues espagnols.

Mathilde Azerot  • 5 juin 2008
Partager :

« Bon, les gars, il faut montrer qu’on est là, il faut qu’on se démerde pour être devant» , martèle André Le Berre, président du Comité régional des pêches de Bretagne, en longeant les grilles des jardins del Buenretiro, immense parc du centre de Madrid. Une vingtaine de marins pêcheurs bretons et normands, armés de banderoles, sont venus, ce vendredi 30mai, soutenir leurs confrères espagnols, massés devant l’imposant ministère espagnol de l’Environnement, en signe de protestation contre la hausse du gazole. Des pêcheurs italiens et portugais ont également fait le déplacement.

Au micro, un représentant de la Cepesca, la confédération patronale de la pêche espagnole à l’initiative du rassemblement, s’interroge : «L’État français a versé quarante millions d’aides sociales, mais que se passe-t-il en Espagne ?» La foule applaudit, quelques-uns allant jusqu’à pousser des «Viva Sarkozy !».

Au milieu de la foule, la veste sur l’épaule, Ian Pratt, président de la Fédération des pêcheurs d’Écosse, observe discrètement le cours des choses. Il est venu seul, à la dernière minute. «La situation est la même en Écosse, juge-t-il, nos pêcheurs ne sont pas encore en grève, mais si ça continue, ça ne devrait pas tarder. En plus du prix du fioul, les prix des produits n’ont pratiquement pas bougé en vingt ans. On a besoin d’un plan», insiste-t-il. «Pour que les Écossais soient là, c’est que le problème est généralisé, analyse André Le Berre, c’est un signe fort, car d’habitude c’est très dur de bouger les Anglo-Saxons.»

Les pêcheurs espagnols demandent à être reçus au ministère. En vain. Il est 14~heures, la rue se vide progressivement. Les Français restent perplexes. «En France, ils auraient au moins reçu une délégation», s’indignent-ils. «Bon, ça valait quand même le coup d’être là, on verra ce que ça va donner en haut.» Quelques heures plus tard le gouvernement espagnol annonçait une rencontre entre la France, l’Italie et le Portugal pour tenter de convaincre Bruxelles de créer un fonds d’aide d’urgence pour les pêcheurs les plus touchés. «C’est déjà ça de pris» , concèdent-ils dans le bus les ramenant à Rennes.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Environnement : l’Union européenne recule de dix ans
Vidéo 2 décembre 2025

Environnement : l’Union européenne recule de dix ans

Le mois dernier, le Parlement européen a adopté Omnibus 1, un ensemble de normes qui mettent à mal des décennies de conquêtes sociales et environnementales. Décryptage vidéo.
Par Caroline Baude
Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains

En fin de processus d’extraction, les orpailleurs illégaux utilisent de grandes quantités de mercure pour séparer la terre de l’or. Hautement toxique, ce métal lourd contamine non seulement l’environnement mais aussi les peuples du fleuve Maroni.
Par Tristan Dereuddre
En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre
Au Chili, sur l’île de Robinson Crusoé, comment la pêche est restée durable
Reportage 19 novembre 2025 abonné·es

Au Chili, sur l’île de Robinson Crusoé, comment la pêche est restée durable

Perdu au milieu du Pacifique à 670 kilomètres des côtes chiliennes, l’archipel mondialement connu pour avoir inspiré le célèbre roman de Daniel Defoe est aussi un bijou de biodiversité marine que ses habitants ont su conserver depuis plus d’un siècle. Au contraire des ressources terrestres, qui se trouvent dans un état alarmant.
Par Marion Esnault