Sanctionner les lobbies

Christine Tréguier  • 13 novembre 2008 abonné·es

Lobbies industriels, Big Brothers, même combat ! Et même tactique pour ceux qui s’efforcent de dénoncer les actes et les stratégies des premiers : celle d’une remise de prix européens, d’oscars de la honte sanctionnant les pires acteurs de la prévarication organisée. À Bruxelles, les riches bureaux de communication à la solde des multinationales ont en effet pignon sur rue, et leurs sbires grassement payés hantent les couloirs et les bureaux des parlementaires européens.
Depuis 2005, les ONG Corporate Europe Observatory, les Amis de la Terre, LobbyControl et Spinwatch sont passées à l’offensive. Chaque année, elles sélectionnent cinq candidats parmi les individus, groupes de pression ou entreprises ayant « employé les tactiques de lobbying les plus trompeuses et les plus insidieuses pour faire pression sur les décisions de l’UE », nominés via le site Worst EU Lobby Award par les internautes. En novembre, la liste des lauréats est soumise au vote du public.

Parmi les impétrants 2008, on trouve le lobby des agrocarburants (pour ses campagnes trompeuses faisant l’éloge des vertus écologiques de ces produits), l’Alliance européenne pour un accès à des médicaments sûrs (EAASM) (pour avoir dissimulé la participation de grands groupes pharmaceutiques à ses campagnes), ou encore les agences de relations publiques
G-Plus et Aspect Consulting (pour avoir encouragé la propagande guerrière dans le récent conflit opposant la Russie et la Géorgie). Rappelons qu’en 2007 les grands vainqueurs furent BMW, Daimler et Porsche, pour « leur offensive commune de lobbying, destinée à saper et à retarder les objectifs de réduction obligatoire des émissions de CO2 ».

L’édition 2008 inaugure un nouveau prix, celui du « Pire Conflit d’intérêts » , remis à un élu ou à un fonctionnaire de l’UE dont « les liens avec des lobbyistes aux intérêts particuliers soulèvent les plus sérieuses questions sur leur capacité à agir avec impartialité et dans l’intérêt public ». Au vu des récents affrontements autour de la riposte graduée et du Paquet Télécom, on se dit que ce prix est de salubrité publique. Curieusement, aucun acteur de l’industrie des contenus culturels n’a encore été nominé. Gageons que les antilobbyistes qui se sont illustrés cette année s’empresseront de déposer quelques dossiers de candidature à charge dès la réouverture des nominations l’été prochain.
En attendant, avis aux amateurs, le vote est ouvert jusqu’au 30 novembre.

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