« Un sentiment nouveau de citoyenneté »

Pour Sandrine Revet, anthropologue, la politique sociale d’Hugo Chavez a apporté de profonds changements dans la société vénézuélienne.

Pauline Baron  • 26 février 2009 abonné·es

Depuis son premier mandat en 1998, Hugo Chavez a initié de nombreuses réformes sociales. Leur effet se fait-il sentir au sein de la société vénézuélienne ?

Sandrine Revet : Incontestablement. Aujourd’hui, les populations des quartiers défavorisés ( barrios ), longtemps ignorées, bénéficient en priorité des mesures sociales. Ces mesures sont universelles : tout le monde peut consulter, par exemple, les médecins qui officient dans les barrios, dans le cadre de la mission Barrio Adentro . Revers de la médaille : Hugo Chavez n’a pas su initier une politique économique et sociale indépendante de la rente pétrolière. Ces bouleversements ont aussi un effet symbolique : les populations des barrios pensent désormais qu’elles font pleinement partie de la société vénézuélienne. Cela crée un fort sentiment de citoyenneté, d’où une participation massive aux processus électoraux – y compris au sein des classes moyennes qui ne sont pas acquises au chavisme.

Les médias occidentaux dénoncent l’ambition de Chavez de devenir « président à vie du pays ». Qu’en pensez-vous ?

C’est une présentation biaisée. La réforme de la Constitution ne se fonde pas seulement sur l’ambition politique personnelle de Chavez. Elle propose de soumettre la reconduction des mandats électoraux à la consultation des électeurs. Et on évoque trop peu le référendum révocatoire, qui s’applique notamment au mandat présidentiel… Il s’agit d’une évaluation des politiques mises en œuvre par les élus, de vérifier s’ils réalisent ce pour quoi ils ont été élus. Cette possibilité s’est fortement ancrée dans la conscience des Vénézuéliens : ils affirment que s’ils ne sont pas contents ils auront recours à cette procédure. Cela induit un contrôle citoyen plus fort.

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