L’échec de la guerre à la drogue

À la veille d’un nouveau sommet de l’ONU sur les drogues, des associations françaises appellent
à une politique moins répressive.

Olivier Doubre  • 19 mars 2009 abonné·es

En 1998, l’ONU se donnait dix ans pour éradiquer la production des drogues illicites. Dix ans plus tard, à l’heure d’une nouvelle réunion de l’organisation, à Vienne, du 11 au 20 mars,  [^2] que font plusieurs associations françaises de réductions des risques liés à l’usage de drogues ou de lutte contre le sida, dont Asud (Auto-support des usagers de drogues), le Circ (Collectif d’information et de recherche cannabique), Act Up-Paris, l’Anitea (Association nationale des intervenants en toxicomanie et addictologie) ou l’AFR (Association française de réduction des risques), avec le soutien des Verts. Une délégation de celles-ci devait se rendre à Vienne afin de faire entendre une autre voix, fondée sur l’écoute des usagers, proposant une politique plus raisonnée en matière de drogues, privilégiant la réduction des risques et l’éducation à la santé.

Anne Coppel, présidente d’honneur de l’AFR, rappelait qu’une « politique efficace ne peut se faire qu’avec les gens et non contre eux : en Hollande, où le cannabis est en vente contrôlée, 14 % des jeunes ont essayé ce produit, alors qu’en France nous atteignons le chiffre de 50 %… » Aussi, il s’agit pour ces militants d’inventer de nouveaux modes de gestion face aux drogues, produits dangereux, au lieu du « bâton » de la prohibition, qui remplit les prisons et propage des produits non contrôlés et souvent frelatés.
En effet, la situation a largement empiré puisque les surfaces cultivées d’opium, de coca ou de cannabis ont augmenté sur la planète, accroissant l’enrichissement des mafias et la corruption. Rappelant l’échec de la prohibition de l’alcool aux États-Unis dans les années 1920 et 1930, ces associations ont appelé à tirer le bilan « catastrophique » de l’interdiction, comme les États-Unis du président Roosevelt l’avaient fait à l’époque.

[^2]: De même, la Commission européenne, dans un rapport du 10 mars, écrit : « La majorité des dommages observés proviennent des politiques menées plutôt que des drogues elles-mêmes. »

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Les meurtres racistes actuels sont le prolongement du chemin intellectuel de l’AFO »
Entretien 3 juillet 2025 abonné·es

« Les meurtres racistes actuels sont le prolongement du chemin intellectuel de l’AFO »

Avocat de la Ligue des droits de l’Homme dans le procès du groupe d’extrême droite appelé Action des forces opérationnelles, Mohamed Jaite évoque la façon dont le racisme a été abordé au cours des audiences, parfois pour diluer les responsabilités.
Par Pauline Migevant
Commission d’enquête Bétharram : « L’État a cassé et sali des enfants par milliers » 
Interview 2 juillet 2025 abonné·es

Commission d’enquête Bétharram : « L’État a cassé et sali des enfants par milliers » 

Le rapport d’enquête sur les violences commises au sein des établissements scolaires réalisé à la suite du scandale de Notre-Dame-de-Betharram a été rendu public, ce mercredi. Politis a demandé à Claire Bourdille, fondatrice du Collectif Enfantiste, de réagir à cette publication.
Par Élise Leclercq
« Noire, musulmane, fille d’ouvriers : c’est de là que j’ai écrit un dictionnaire du féminisme »
La Midinale 2 juillet 2025

« Noire, musulmane, fille d’ouvriers : c’est de là que j’ai écrit un dictionnaire du féminisme »

Rokhaya Diallo, journaliste, réalisatrice et autrice du Dictionnaire amoureux du féminisme aux éditions Plon, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes
Terrorisme 28 juin 2025

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes

De l’instruction à la barre, les 16 prévenus ont constamment invoqué la crainte de la guerre civile qui les a poussés à rejoindre le groupe. Ils ont brandi cette obsession, propre à l’extrême droite, pour justifier les projets d’actions violentes contre les musulmans.
Par Pauline Migevant