Les associations disent non !

Julie Chansel  et  Damien Nantes  • 28 mai 2009 abonné·es

L’Europe s’engage toujours plus avant dans une logique et une politique répressives à l’égard des étrangers.
Avec l’adoption de la « directive de la honte », elle fait de l’enfermement un mode de gestion des migrants sur son territoire. Cette tentation du pire est aussi à l’œuvre en France. Si le dispositif de rétention est encore le « moins pire » d’Europe, c’est bien à un alignement sur les législations les moins protectrices des étrangers que nous assistons. La remise en cause profonde de la mission associative dans les centres de rétention n’en est qu’un épisode. En s’assurant de l’absence d’une intervention critique dans ces lieux d’enfermement, elle prive la société civile d’un droit de regard sur ce qui s’y passe. Plus grave, en transformant une mission d’aide juridique en simple mission d’information, elle vise à faire des droits des étrangers en rétention des droits virtuels.

Comment imaginer que des personnes qui parfois parlent mal français, ou ne l’écrivent pas, et sont confrontées à un système juridique de plus en plus complexe, parviennent dans les délais très courts dont on dispose en rétention, le plus souvent quarante-huit heures, à faire les démarches adéquates pour exercer leurs droits ? Comment penser qu’elles pourront rédiger un appel, un recours, une demande d’asile, et saisir les juridictions compétentes ! Plusieurs associations appellent déjà à des rassemblements, le 2 juin, pour signifier que tous, associations, syndicats, avocats, citoyens, à l’intérieur ou en dehors des centres de rétention, nous continuerons à aider les étrangers pour la défense de leurs droits et de leur dignité. Dans les permanences, dans les tribunaux, dans les préfectures, dans les aéroports, dans la rue, nous poursuivrons nos actions auprès des étrangers et de leurs familles. Les associations signataires réaffirment aux étrangers enfermés leur soutien et leur vigilance, pour dire leur attachement à l’indépendance des associations, à leur liberté de parole et de témoignage.

Nous appelons toutes celles et tous ceux qui sont attachés aux droits et aux libertés fondamentales à les rejoindre.

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