De l’info contre l’intox

Deux associations lancent un réseau de défense des victimes des pesticides.

Patrick Piro  • 25 juin 2009 abonné·es

vous habitez à proximité d’un champ et subissez des pulvérisations de pesticides ? Le maire de votre commune persiste à désherber jusque sur le pas de votre porte avec des toxiques ? Vous ou des proches êtes tombés malades et vous pensez que l’utilisation des pesticides pourrait être en cause ?  Témoignez !  C’est un réseau de défense des victimes des pesticides qu’ont lancé jeudi dernier deux associations très actives dans le domaine : le Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF) et le réseau Health and environment alliance (Heal, à Bruxelles). D’un côté, on a certes connu quelques avancées dans la lutte contre la pollution aux pesticides : les produits les plus toxiques semblent condamnés à terme [^2], et le rôle des pesticides se précise dans le déclenchement de certaines maladies. L’Inserm et l’université Pierre-et-Marie-Curie viennent d’enfoncer le clou avec la maladie de Parkinson : l’exposition aux pesticides double le risque d’apparition chez les agriculteurs !

Mais, d’un autre côté, le gouvernement continue à délivrer des autorisations pour des produits : c’est le cas du Cruiser, par exemple, qui menace les abeilles. En outre, il n’existe aucune norme de pollution atmosphérique ou de protection des habitations voisines d’épandages. Et, surtout, l’impact sanitaire de la diffusion de ces molécules – contact direct, eaux, sols, airs, aliments, etc. – reste une grande inconnue. Les agriculteurs sont les premiers agressés, au contact direct avec les produits, mais souvent isolés. On pense plus rarement aux 13 millions de jardiniers amateurs ou professionnels.
Il est souvent complexe, même pour des cas apparemment évidents, de faire reconnaître qu’une pathologie est liée aux pesticides, car ­d’autres sources peuvent être incriminées. Aussi, autant qu’une réalité sanitaire française occultée, ce réseau de victimes des pesticides devrait révéler un groupe de pression potentiel auprès d’un gouvernement qui tergiverse face aux entreprises chimiques et à leurs soutiens agricoles.

Utile, alors que le MDRGF a dû se dé­fendre, il y a trois semaines, d’une plainte dont l’association exploite toute l’incongruité : la Fédération nationale des producteurs de raisin de table (FNPRT) lui réclame 500 000 euros, s’estimant dénigrée par une étude (de septembre dernier) dénonçant l’omniprésence de résidus de pesticides dans les raisins de table. Les doses dépassaient les limites autorisées dans 16 % des échantillons, avec la présence, dans quelques cas, de produits interdits en Europe.

 

[^2]: Le Grenelle de l’environnement s’est fixé pour objectif de diviser par deux l’utilisation de ces toxiques avant 2020 « si possible ».

Écologie
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