Qu’est-ce qu’ils attendent, à Stockholm ?

Sébastien Fontenelle  • 18 juin 2009 abonné·es

J’aimerais quand même bien savoir ce que foutent, au juste, les jurés qui décernent, chaque an, le prix Nobel de la paix ? Je veux dire : ça leur arrive de lire un peu la presse, à ces gens-là ? Ou si leur boulot consiste juste à se goberger en se gavant de mämmi [^2] avant de proclamer que le vainqueur de l’étape est, plouf-plouf, Tenzin Gyatso ?
Non, je demande, parce que là, on a quand même, dans le paysage, depuis maintenant maintes années, un lauréat idéal pour ce prix (qui, je rappelle, distingue  « la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix » ) : je veux bien sûr parler de Benyamin Nétanyahou. (Who else ?) Un gars tellement sympa que presque tout le monde l’appelle Bibi [^3].
Outre, en effet, qu’il œuvre sans désemparer à la suppression ou à la réduction des armées (palestiniennes) et qu’il propage frénétiquement la paix [^4], Bibi aime beaucoup les enfants (et leurs parents), et cela devrait aussi compter pour quelque chose dans le choix des jurés du Nobel (si du moins ces gens ont une âme).

À la suggestion (il est vrai un peu nunuche) que lui faisait un Afro-Américain arrogant de mettre fin à l’implantation de nouvelles colonies en territoires occupés, Bibi a ainsi répondu : neun, car «  il faut permettre aux parents d’élever leurs enfants comme toutes les familles du monde » .
Et certes : le même Bibi ne semble pas vouloir étendre son (admirable) souci de protection des familles aux Palestinien(ne)s de Gaza, que son étonnant ministre des Affaires étrangères envisage, dans ses moments de franc débondage, de nucléariser, comme les Yankees ont fait jadis avec Nagasaki.

Mais il est vrai aussi que Benyamin Nétanyahou peut également soutenir, sans rire, qu’ « Israël respecte les accords internationaux » – de sorte qu’à bien y réfléchir : à défaut de lui attribuer cette année celui de la paix, les jurés du Nobel pourraient assurément lui voter un prix du foutage de gueule.

[^2]: Lequel, je rappelle, n’est pas (du tout) une grand-mère scandinave, mais une pâtisserie suédoise à base de farine, de farine et de farine – auprès de quoi le (terrible) Christmas pudding de nos ami(e)s les Brits est d’une enviable légèreté.

[^3]: Je dis presque, parce qu’il y a encore quelques Arabes de Tulkarem qui font la fine bouche, genre : Benyamin n’est pas que câlin. Mais, sincèrement : qui se laisse encore impressionner par les continuelles giries de ces pleurnicheurs ?

[^4]: Ne serait-ce que par son affirmation (courageuse) que les Palestiniens(ne)s auront leur État, juré, craché – sitôt qu’ils auront trouvé le minuscule indice que son pote Avigdor a soigneusement caché dans une meule de foin « quelque part entre Fort Payne (Alabama) et Oulan-Bator, mais attention, vous emballez pas trop vite : comme ça, ça a l’air facile, mais y a un piège ».

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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