Résultats encourageants

Après seize semaines d’une mobilisation historique – et plus efficace qu’on ne l’a dit –, voici un récapitulatif de ce qu’ont obtenu les chercheurs et les universitaires.

Jean-Claude Renard  • 4 juin 2009 abonné·es
Résultats encourageants

Les examens se rapprochent, les cours redémarrent ; une à une, les facultés reprennent leur activité normale. Plus de quatre mois de mobilisation dans toute la France auront fait de la grogne universitaire une année historique. De l’inédit qui a vu converger différentes voix pour contester la perception de l’université comme une entreprise avec des présidents managers tout-puissants.

Cette mobilisation a gagné quelques points, obligé le gouvernement à reculer. Peu au regard de l’ampleur du mouvement. Ainsi, il n’y a toujours pas le plan pluriannuel d’emploi demandé, il pèse toujours des menaces sur le démantèlement des organismes de recherche, les concours de recrutement sont à peine reportés. Mais pour Isabelle This Saint-Jean, du collectif Sauvons la recherche, « le mouvement a provisoirement stoppé le processus en cours. On a le sentiment que le rouleau compresseur s’est arrêté » . La victoire du monde universitaire est peut-être en dehors de ses murs, en ayant préparé les esprits pour d’autres secteurs, comme celui de l’hôpital, pour la sauvegarde des services publics. Voici un récapitulatif qui démontre que la forte mobilisation n’a pas servi à rien.

Sur le statut des enseignants-­chercheurs : dans un premier temps de revendications, les universitaires ont obtenu que les cours de l’enseignement à distance ne soient pas mis sur le même plan que la préparation des cours in situ . D’autre part, les promotions, qui devaient être décidées à 100 % par le président d’université, ne le seront plus qu’à part égale entre le président et le Conseil national des universités, instance composée d’universitaires élus. C’était là une question essentielle des libertés scientifiques. La modulation de service, concernant l’emploi du temps d’un enseignant-chercheur, ne pourra plus s’établir sans l’accord de l’intéressé. Les congés sabbatiques seront accordés par le Conseil national des universités et non pas, comme prévu par le projet, à 100 % accordés par le Conseil d’administration de l’université. En termes d’évaluation, imposant aux enseignants-chercheurs un rapport d’activité tous les quatre ans et pouvant l’obliger à davantage d’heures d’enseignement au détriment de la recherche, l’enseignant aura un droit d’opposition théorique, ce qui, à l’évidence, demeure insuffisant pour sortir du clientélisme.

Sur l’emploi : le ministère a promis qu’il n’y aurait pas de suppressions de postes en 2010 et en 2011. La suppression des postes à la rentrée 2009 est compensée financièrement.

Sur la masterisation : le dossier a été fragmenté par le gouvernement. Contrairement au projet initial, les concours de recrutement en 2010 des professeurs des écoles, des collèges et des lycées se tiendront dans les formes actuelles. C’est un simple report sur un volet crucial. Rien n’est dit sur la forme ni le contenu des concours en 2011. L’année de stage, prévue en plein service, sera finalement une année d’alternance entre deux tiers d’enseignement et un tiers du temps en formation (et non de jeunes enseignants jetés dans l’arène sans formation). Des groupes de travail bâclés en trois semaines ont été réunis par les deux ministères autour de l’année de transition, et, pour la cohérence globale du dispositif, une commission Marois-Filâtre devait rendre un avis en juillet, suivant des auditions. Sans attendre leurs conclusions, passant en force, Xavier Darcos s’apprête à publier des décrets sur les modalités de recrutement des enseignants. Ils prévoient notamment l’obligation d’être inscrit en master 2 pour pouvoir se présenter au concours. Cette brutalité pourrait entraîner une nouvelle crise.

Sur les organismes de recherche : le mouvement a obtenu qu’il y ait des crédits propres assignés aux chaires mixtes (les chaires d’excellence, gérées à parité par les universités et les organismes), plutôt qu’elles ne soient financées par les seuls organismes. Une enveloppe de 4,5 millions d’euros, qui signifie la réouverture de 130 postes aux concours de recrutement – au budget 2009, les organismes avaient suspendu ces recrutements pour pouvoir assurer le financement des nouvelles chaires d’excellence.

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