Les petits nouveaux

Qui sont les jeunes recrues de l’Éducation nationale ? L’école de demain s’appuiera-t-elle sur de nouvelles pratiques ? Un essai tire la photo de classe des profs de dernière génération.

Ingrid Merckx  • 27 août 2009 abonné·es

Comment changer l’école ? Par quel bout prendre le mammouth ? Et qui va s’en charger ? « Ils rejettent le cours magistral mais empruntent sans hésiter aux pédagogies alternatives. Ils se détournent du syndicalisme traditionnel mais se mobilisent ponctuellement sur des luttes bien concrètes. Ils votent majoritairement à gauche mais sont de moins en moins politisés… » C’est ainsi que Maryline Baumard, longtemps journaliste au Monde de l’éducation, présente les Nouveaux Profs, dans un petit essai sous-titré «  L’école change, eux aussi » [^2]. Dans cette enquête où elle s’attache à « esquisser le profil de ceux qui dessinent l’école du troisième millénaire » , elle tente de dégager les piliers fondateurs d’une « nouvelle identité » et les règles sur lesquelles s’appuieraient les « nouvelles pratiques » . Il en ressort que la culture enseignante est toujours aussi prégnante chez les nouvelles recrues que chez leurs aînés : plus de 57 % ont un parent enseignant. L’amour de la discipline prime toujours sur l’amour du métier. Plus d’enfants de cadres ­choisissent cette profession, et plus de jeunes femmes issues de l’immigration. Une bonne part des nouveaux profs ont exercé ­d’autres métiers avant de passer les concours, et une autre bonne part partiront pour faire autre chose.

Au rayon des pratiques, rien de vraiment nouveau, mais des tendances fortes ­s’affirment, comme échanger les services, du fait, entre autres, du développement de l’interdisciplinarité et de la « bivalence ». La journaliste note aussi un net mouvement en faveur de l’attachement à son établissement, ce que l’autonomisation vient renforcer. « C’est cela aussi, le libéralisme éducatif » , commente-t-elle, en évoquant le système américain et l’identification à un fonctionnement et à une étiquette : on tient à son établissement parce qu’il fait partie des meilleurs du classement, qu’il est donc « bien doté » , que son proviseur est un bon « manager » qui « tient » ses équipes… Enfin, les nouveaux profs savent «  penser numérique » . C’est-à-dire qu’ils ont dépassé le « choc culturel » entre les livres et l’ordinateur : « Un écran allumé en permanence dans la classe, et la géographie de la connaissance se métamorphose. Le savoir n’est plus l’apanage du maître, les élèves peuvent diversifier les sources… » Le prof devient « guide », « passeur », « blogueur » même. Il doit aussi affronter l’autorité que peut lui opposer le web, tantôt assistant, tantôt adversaire, mais incitation permanente à se repositionner.

[^2]: Les Nouveaux Profs, Maryline Baumard, Les petits matins, Arte éditions, 18 euros.

Publié dans le dossier
Les profs prêts à désobéir
Temps de lecture : 2 minutes