L’homme qui fixait le hasard

Représentant de la photo humaniste, Willy Ronis a tiré le rideau.

Jean-Claude Renard  • 17 septembre 2009 abonné·es

On dit qu’un photographe serait un peintre à qui il manquerait les pinceaux. La formule pourrait s’appliquer à Willy Ronis, décédé ce vendredi 11 septembre, dont l’œuvre, en noir et blanc, est celle d’un paysagiste et d’un portraitiste. Né en 1910 à Paris d’un père venu d’Odessa, en Ukraine, et d’une mère lituanienne, Willy Ronis a vécu ses premières rencontres artistiques au Louvre, devant les peintres Flamands du XVIIe siècle. Sans doute parce que c’était la vie quotidienne, des bistrots, des scènes de rue et d’intérieur. Chez Bruegel, il saisit l’organisation des personnages dans l’espace, et la lumière chez Rembrandt. Voilà pour les influences, auxquelles s’ajoute la rigueur du contrepoint de Bach.

Ronis a d’abord suivi les traces de son père, proprio d’un studio de photographie. À la mort de celui-ci, en 1936, il revend la boutique, devient reporter. Il tire des portraits à domicile, croque des paysages pour les administrations, avant de travailler pour Life , des journaux de mode, Regards, magazine du parti communiste, dont il est proche, et l’agence Rapho. Avec Doisneau, Boubat, Izis et Sabine Weiss, il sera l’un des plus importants représentants de la photo humaniste. Son credo : fixer le hasard. Ce sont des parties de cartes, des amoureux, un déjeuner de famille, une pétanque, des manifestations, des grèves, la condition ouvrière et surtout des images de Belleville et de Ménilmontant, gavés d’habitants, de ruelles, de devantures… Toute une poésie vivante (comme en témoignait son exposition, cet été, à Arles), qui vaut bien plus que les clichés réducteurs calés dans la nostalgie.

Culture
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