Les charters, maintenant !

Éric Besson veut expulser les Afghans évacués de la « jungle » de Calais. Au mépris du droit.

Xavier Frison  • 15 octobre 2009 abonné·es

Que le premier d’entre eux soit déjà parti ou décolle dans les jours à venir ne changera rien au problème : la mise en place de charters franco-britanniques pour Kaboul est bel et bien décidée par Éric Besson, le ministre de l’Immigration, « si les conditions le permettent » . Parmi les « conditions » nécessaires à ces retours forcés, l’ex-socialiste veut s’assurer que « les personnes seront en sécurité en arrivant à Kaboul et […] qu’il y ait possibilité d’une aide à la réinstallation » . « L’Afghanistan est un pays en guerre , rappellent à toutes fins utiles trente-deux organisations, parmi lesquelles le Gisti, l’Anafé, RESF, la Cimade et la LDH. Il est inacceptable d’y renvoyer ceux qui s’en sont enfuis à la recherche d’une protection en Europe. »

Peu importe, pour le ministre, que les tribunaux de différentes régions aient remis en liberté 130 des 138 Afghans interpellés le 22 septembre lors de la stupide opération de fermeture de la « jungle » de Calais. Même si ces juridictions « ont mis en évidence l’inanité de cette opération médiatique et rappelé le respect du droit et des libertés fondamentales des personnes » , même si plusieurs tribunaux administratifs ont annulé des arrêtés de reconduite à la frontière au motif du non-respect du droit de demander l’asile, les avions décolleront. Pour les organisations, le ­gouvernement « reste enfermé dans sa rhétorique de l’appel d’air, selon laquelle Afghans, Érythréens, Irakiens, Iraniens, Soudanais ne viendraient pas en Europe pour sauver leur vie et leurs libertés, mais pour des raisons d’agrément et de confort ». Pendant que la polémique enfle, les « opérations de nettoyage » se poursuivent : plus d’une cinquantaine d’Afghans ont été à nouveau placés en rétention dans les premiers jours d’octobre, selon le Gisti. Les organisations appellent les autorités françaises et britanniques à renoncer aux charters conjoints, « contraires au principe d’interdiction des expulsions collectives ».

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