Comment le sommet a accouché d’une souris

Le fiasco complet a été évité de justesse, avec un accord minimaliste et très peu contraignant qui ne permettra pas de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.

Patrick Piro  • 24 décembre 2009 abonné·es

De mémoire de négociateur, jamais sommet climat ne fut aussi chaotique. En toute dernière minute, le fiasco intégral a été évité par un « accord » concocté entre 28 des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre – pays industrialisés et émergents –, dont la conférence a simplement « pris note ». Les 165 autres pays sont invités à le signer. Il n’a aucun caractère contraignant, et son contenu est d’une pauvreté affligeante.
Principal point : la hausse de la température moyenne planétaire ne devra pas dépasser 2 °C (par rapport au milieu du XIXe siècle). Ce qui se borne à entériner un objectif déjà très consensuel. Derrière, aucun objectif global de réduction des émissions, qu’il faudrait pourtant diviser par deux d’ici à 2050 (par rapport à 1990) après qu’elles auront atteint un point culminant en 2020. D’ici à fin janvier, on fera les comptes : les pays industrialisés devront préciser leurs engagements de réduction (contrôlables), et les pays émergents, leurs mesures d’atténuation (qui ne seront pas soumises à discussion). Les annonces sont actuellement loin du compte : cumulées, elles représentent moins de 20 % de diminution pour 2020, alors qu’il faudrait approcher 40 %. Tout cela sur la base du volontariat. Le protocole de Kyoto, seul cadre juridiquement contraignant de réduction des émissions, a donc un avenir très précaire alors que la première période d’engagements se termine en 2012.
L’autre grand point : une aide financière de 30 milliards de dollars, sur la période 2010-2012, a été accordée par les pays industrialisés pour aider les plus vulnérables du Sud à s’adapter aux impacts climatiques. Ensuite, l’accord d’engagement à trouver 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020. Là encore, on est loin du compte, des évaluations estiment que les besoins sont deux à quatre fois supérieurs.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

D’eau et de colère
Portfolio 24 juillet 2024 abonné·es

D’eau et de colère

Les 19 et 20 juillet, les militants des Soulèvements de la Terre ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire sur les mégabassines. Reportage photo.
Par Maxime Sirvins
Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition
Portrait 24 juillet 2024 abonné·es

Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition

Sur le plus long fleuve de France, ils ne sont plus qu’une soixantaine à exercer leur métier. Une activité qui fait figure d’artisanat en comparaison de la pêche en mer. Rencontre avec un passionné attentif à son environnement.
Par Mathilde Doiezie
De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan
Reportage 22 juillet 2024

De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan

Au cours d’une semaine de mobilisation contre les mégabassines, des milliers manifestants se sont rassemblés dans les Deux-Sèvres à l’appel des Soulèvements de la terre et de Bassines Non Merci. Les 19 et 20 juillet, les militants ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire. Récit et photos.
Par Maxime Sirvins
Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines
Reportage 15 juillet 2024 abonné·es

Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines

L’établissement des Deux-Sèvres voit mûrir au sein de son BTS gestion et protection de la nature une nouvelle génération d’activistes contre l’accaparement de l’eau. Ses élèves aux parcours sinueux trouvent dans ce terroir et son activité militante le déclic d’un engagement durable.
Par Sylvain Lapoix