Le « clou » : un gage de précarité
Banque de la dernière chance, le mont-de-piété connaît aujourd’hui une forte augmentation de sa fréquentation, révélatrice des temps de crise. Reportage.
dans l’hebdo N° 1087 Acheter ce numéro

La légende est tenace. François-Ferdinand-Philippe d’Orléans (1818-1900), prince de Joinville et troisième fils du roi Louis-Philippe, dépose au mont-de-piété une montre pour honorer ses dettes de jeu. N’osant l’avouer à sa mère, il dit l’avoir oubliée chez sa tante. À vrai dire, le tour de passe-passe de « ma tante », équivalent à l’expression « mettre au clou », remonte loin. Du côté de l’Italie et de Pérouse. Quand, en 1462, le moine récollet Barnabé de Terni établit le monte di pietà , avec pour devise : « Je m’oppose toujours à l’usure. » Et tandis que l’usure grimpe, le premier mont-de-piété en France ouvre ses portes en 1637, sous l’impulsion de Théophraste Renaudot, journaliste, fondateur de la Gazette, médecin de Louis XIII, philanthrope et proche du cardinal de Richelieu. Après la mort du roi, Renaudot perd ses