Le temps du désenchantement

L’ambiance n’est plus à l’euphorie pour les militants du MoDem. Ils ont connu de meilleurs jours. Depuis plusieurs semaines, les sondages ne leur accordent que 4 à 6 % au premier tour des régionales. En regard des 8,5 % obtenus aux européennes et, pire, des 18,6 % de la présidentielle, la chute est sévère.
Dans le même temps, le parti enregistre les défections de militants et d’élus qui expriment publiquement leur désaccord avec la stratégie électorale du mouvement et sa gouvernance. Certains regrettent l’orientation à gauche, d’autres déplorent au contraire l’absence d’alliance au premier tour avec le PS ou Europe Écologie. ­Favorable à un rapprochement avec les écolos, Corinne Lepage, vice-présidente du MoDem, reconnaît que les Verts n’y tenaient pas ; bien qu’elle soit membre fondateur du MoDem, Cap21, le mouvement qu’elle préside, présente des candidats sur les listes Europe Écologie dans plusieurs régions (Lorraine, Haute-­Normandie, Paca…).
Ces dissensions ne sont pas sans conséquences. Le MoDem, qui devait présenter des listes autonomes dans chaque région, sera absent en Languedoc-Roussillon. Cela, à la suite d’un bras de fer qui a opposé, à la veille du dépôt des listes, le chef de file régional élu, Marc Dufour, ­favorable à Georges Frêche, à François Bayrou, qui souhaitait une alliance avec l’ex-journaliste météo Patrice Drevet, adjoint (Nouveau Centre) au maire de Pézenas et tête de liste de l’Alliance écologiste indépendante (AEI). Le MoDem et l’AEI (regroupement de Génération écologie, La France en action et le Mouvement écologiste indépendant), qui revendique « une identité au-delà de la droite et de la gauche », se présentent ensemble dans six régions. Mais, en Île-de-France, treize militants candidats sur la liste AEI ont été suspendus du MoDem. Un cafouillage qui ne remontera pas le moral des troupes.