Italie : le risque de la fracture

Les régions disposent d’une forte autonomie, mais celle-ci représente un enjeu politique qui entraîne bien des dérives.

Olivier Doubre  • 18 mars 2010 abonné·es

Les régions, en Italie, ont été mises en place par étapes jusqu’à acquérir une forte autonomie aujourd’hui. Prévues dès 1947 par la Constitution, seules les régions « à statut spécial », c’est-à-dire marquées par des conditions géographiques et culturelles particulières – Sicile, Sardaigne, Val d’Aoste, Trentin-Haut-Adige et Frioul-Vénétie-Julienne –, ont été instituées dès l’après-guerre et dotées d’une large autonomie. Les autres ont dû attendre le début des années 1970 pour voir leur création effective, la Démocratie chrétienne (DC) au pouvoir depuis 1945 n’étant pas pressée de laisser un espace potentiel au PCI, où celui-ci pourrait s’affranchir du pouvoir central. Or c’est (entre autres) sur ce point que la xénophobe Ligue du Nord, apparue au milieu des années 1980, va progressivement récupérer l’électorat de la DC, déçu par le non-respect des promesses de régionalisation, en soulevant une « question septentrionale » , synonyme de rejet du pouvoir de Rome (présenté comme inefficace et dépensier) et de refus de solidarité financière entre le Nord et le Sud pauvre du pays.

Devenue l’un des piliers de l’alliance des partis de droite emmenée par Silvio Berlusconi au cours des années 1990, la Ligue du Nord place alors au cœur du débat public une revendication « fédéraliste » qui se traduit peu à peu par un accroissement des pouvoirs et de l’autonomie financière des régions. L’Italie n’est cependant pas un État fédéral au sens strict. Et cette autonomie de ses régions est aussi source de dérives clientélistes.

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