Un bilan carbone déplorable

Un rapport de l’Ademe reconnaît que les filières éthanol et agrodiesel sont potentiellement plus polluantes que les carburants fossiles.

Patrick Piro  • 15 avril 2010 abonné·es

L’Ademe vient de rendre public un rapport visant à établir le bilan complet de l’efficacité énergique et des émissions de gaz à effet de serre (GES) des filières d’agrocarburants. Depuis leur origine, en effet, ces carburants dits « verts » sont avantageusement cotés sur ces indicateurs : en gros, on ne prenait en compte que l’impact positif, à savoir la substitution des carburants fossiles – l’étape « voiture » –, en omettant l’étape agricole. Aussi le Grenelle avait-il exigé que soit enfin sérieusement étudié l’ensemble du cycle de vie de ces produits.

Le résultat est un rapport inachevé et à double lecture ^2. Point crucial, qui déclenche l’ire des associations, il esquive – « parce que c’est complexe » – le « changement d’affectation des sols » (CAS), c’est-à-dire l’impact de la transformation d’une forêt ou d’une culture alimentaire en champ à plantation énergétique, traité de manière qualitative seulement. Le rapport présente alors de ronflants bilans « hors CAS » positifs, surtout pour les filières françaises (éthanol de betterave ou de blé, agrodiesel de colza ou de tournesol, etc.), ce dont se félicitent les industriels du secteur.

Oui mais voilà, avec des hypothèses « défavorables » ou même seulement « intermédiaires », l’Ademe calcule quelques pages plus loin que, « du champ au réservoir », les filières éthanol ou agrodiesel seraient jusqu’à deux fois plus émettrices de GES que l’essence ou le gazole ! Par exemple, si l’on déboise une forêt tropicale pour planter de la canne à sucre ou du palmier à huile. Un cas exceptionnel ? Au contraire, de plus en plus pro­bable, tant les coûts de production sont avantageux dans les pays du Sud.

Écologie
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

D’eau et de colère
Portfolio 24 juillet 2024 abonné·es

D’eau et de colère

Les 19 et 20 juillet, les militants des Soulèvements de la Terre ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire sur les mégabassines. Reportage photo.
Par Maxime Sirvins
Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition
Portrait 24 juillet 2024 abonné·es

Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition

Sur le plus long fleuve de France, ils ne sont plus qu’une soixantaine à exercer leur métier. Une activité qui fait figure d’artisanat en comparaison de la pêche en mer. Rencontre avec un passionné attentif à son environnement.
Par Mathilde Doiezie
De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan
Reportage 22 juillet 2024

De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan

Au cours d’une semaine de mobilisation contre les mégabassines, des milliers manifestants se sont rassemblés dans les Deux-Sèvres à l’appel des Soulèvements de la terre et de Bassines Non Merci. Les 19 et 20 juillet, les militants ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire. Récit et photos.
Par Maxime Sirvins
Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines
Reportage 15 juillet 2024 abonné·es

Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines

L’établissement des Deux-Sèvres voit mûrir au sein de son BTS gestion et protection de la nature une nouvelle génération d’activistes contre l’accaparement de l’eau. Ses élèves aux parcours sinueux trouvent dans ce terroir et son activité militante le déclic d’un engagement durable.
Par Sylvain Lapoix