Le jour du « désastre » pour Gordon Brown

La gaffe du Premier ministre vis-à-vis d’une électrice du Labour a coûté cher à celui-ci en termes d’image.

Olivier Doubre  • 6 mai 2010 abonné·es

La percée annoncée des ­libéraux-démocrates, donnés entre 28 % et 34 %, et dont le leader, Nick Clegg, d’abord délaissé par les médias, s’est imposé comme la figure montante de cette campagne électorale, a sans aucun doute pour cause la longue dérive vers la droite du Parti travailliste, entamée avec l’engouement néolibéral de Tony Blair. À l’origine plutôt centristes et libéraux en économie, les « lib-dems » apparaissent aujourd’hui souvent plus progressistes que le Labour, notamment sur des sujets sociétaux, en matière d’immigration ou de droits des minorités. Dans les talk-shows télévisés, ont ainsi défilé d’anciens électeurs ­travaillistes de longue date, dégoûtés par la politique trop peu sociale du gouvernement Brown, annonçant leur intention de voter pour le parti de Clegg.

Une tendance lourde qui s’est sans doute encore aggravée au lendemain de la fameuse « gaffe » de Gordon Brown, quand celui-ci, après avoir chaleureusement salué devant les caméras une sexagénaire, Mrs. Gillian Duffy, électrice du Labour depuis toujours, l’a par la suite qualifiée de « femme bornée » dans un micro malencontreusement resté ouvert. Une insulte qui sentait presque le mépris de classe pour cette représentante typique de l’électorat travailliste. Pendant que le gaffeur rejoignait les studios de la BBC, les journalistes ont fait écouter ses propos à Mrs. Duffy – qui a déclaré qu’elle ne voterait « plus jamais » pour le parti du Premier ministre. Celui-ci est ensuite apparu, abattu, la tête entre les mains. L’image a évidemment fait la une de tous les journaux et tabloïds. Revenu une heure plus tard chez Mrs. Duffy pour lui présenter ses excuses, Gordon Brown a auparavant reconnu que cet incident était un véritable « désastre » , à la veille du dernier grand débat télévisé avec ses deux adversaires, le conservateur David Cameron et le « lib-dem » Nick Clegg.

Monde
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