L’Euro, zone casino

Thierry Brun  • 6 mai 2010 abonné·es

La crise de la dette publique grecque offre le spectacle édifiant de choix budgétaires européens déterminés par les marchés financiers. Les libéraux de tous poils n’y voient d’ailleurs rien à redire, à part montrer du doigt les maillons faibles de la zone euro, suivant le vent mauvais de la spéculation financière. Ceux-là acquiescent, comme nombre de dirigeants européens, quand les prédateurs financiers ont désigné leur proie. Qui sont-ils ? Des fonds d’investissement spéculatifs, des assurances et des banques d’affaires, pour la plupart renflouées par les États qu’elles attaquent désormais.
Les mêmes banques et fonds d’investissement spéculent sur la dette souveraine des États, achetant à tour de bras des assurances contre la faillite de la Grèce, du Portugal ou de l’Espagne (Credit Default Swap, CDS), pour faire monter leur valeur et manipuler les marchés en accentuant les difficultés de ces pays.
La zone euro est devenue une zone casino. Les orientations politiques en matière de dette souveraine des États sont décidées par trois agences de notation financière, dont la très médiatique Standard and Poor’s. Et les gouvernants de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne, mais aussi de la France et de l’Allemagne, subissent les mouvements spéculatifs au gré d’une note attribuée par Standard and Poor’s et Moody’s et Fitch, qui sont les meilleurs amis des spéculateurs. Et des pompiers pyromanes qui sont en partie responsables de la crise de 2008. Les fonds d’investissement et les banques privées font leur beurre de ces notes sous le regard passif de la Banque centrale européenne.
La situation ne peut donc que s’aggraver, au point que les pays du sud de l’Europe risquent d’entraîner le reste du continent dans un effet domino redoutable pour la région. Non moins redoutable est aussi la seule perspective dictée par les marchés et le Fonds monétaire international (FMI), qui est de sabrer dans les dépenses publiques, les budgets sociaux et les salaires. Notamment parce que les gouvernants européens ont sauvé les banques sans se donner les moyens de les contrôler.

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Un monde sans la bombe
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