Extases tyroliennes

« Alpenstock » témoigne de l’humour gaillard
de Rémi De Vos.

Gilles Costaz  • 24 juin 2010 abonné·es

La pièce se passe dans un Tyrol de convention. Un couple célèbre son bonheur de vivre dans un pays ­propre. Mais le mari ne tarde pas à trouver que sa femme, dans sa jolie robe fleurie, n’est jamais assez parfaite. Pourquoi a-t-elle acheté un détergent au « marché cosmopolite »  ? Lui, quand il met sa culotte de cuir vert, il est un Tyrolien irréprochable. Mais, pour l’amour, il s’y prend moins bien. La ravissante petite femme se laisse caresser (restons pudiques) par un inconnu dont on sait juste qu’il est « balkano-carpatho-transylvanien » . Le mari tue alors l’amant. Mais un parent de la victime surgit, non pas pour venger le disparu, mais pour donner à la femme le plaisir qu’elle n’obtient pas dans la relation conjugale. Il est tué. Arrive un autre parent. Meurtre, copulation, meurtre, copulation, ­meurtre, copulation… Jusqu’à ce que la mécanique du crime et de l’extase se grippe tout à coup.

La pièce de Rémi De Vos, Alpenstock , tend la main à Alfred Jarry, au ­théâtre panique de Topor, au dessin animé style Fritz The Cat et à Elfriede Jelinek, dont les Amantes raillent avec un même sens du dynamitage des clichés les images factices de la femme. Le metteur en scène David Lejard-Ruffet y va franco, tout en combinant la pudeur et l’impudeur. Charlotte Petitat est une étonnante Gretchen, enfantine dans les circonstances les plus gaillardes, et, par là même, hilarante. Pierre-Étienne Royer et Antoine Rosenfeld jouent avec elle ce fort réjouissant théâtre de la cruauté.

Culture
Temps de lecture : 1 minute