Des flics et des juges plein nos salons

Les séries policières et judiciaires envahissent les écrans et réalisent des audiences considérables. Tout comme les magazines ou les reportages, elles façonnent une image de la police et de la justice. Des représentations souvent biaisées, jouant sur l’émotion et le sensationnel.

Jean-Claude Renard  • 15 juillet 2010
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Des flics et des juges plein nos salons
© PHOTO : SAGET/AFP

Lointaine est l’époque du commissaire Bourrel des  Cinq Dernières Minutes. Maigret incarné par Jean Richard est passé au rang de relique. La télévision de papa, comme on dit, proposait une, parfois deux séries policières par semaine. Aujourd’hui, elles ont envahi l’écran. Des séries plus souvent américaines que françaises. FBI, portés disparus ; The Closer ; les Experts ; NCIS ; Esprits criminels ; New York, police judiciaire ; R.I.S. police scientifique ; Une femme d’honneur ; Julie Lescaut ; Cold Case… La multiplication des chaînes, avec l’avènement de la TNT, a décuplé le nombre de diffusions (et de rediffusions). La série policière s’est accompagnée d’un corollaire : la justice, avec les Cordier juge et flic pour faire le lien (un père commissaire, son rejeton juge d’instruction). Ici, Boulevard du Palais, Avocats et associés , là, Le juge est une femme. Quand il ne s’agit pas de séries, la télévision additionne les reportages et les magazines, comme « Faites entrer l’accusé », « Enquête exclusive » ou « Présumé innocent ».
Les programmateurs ramassent chaque soir entre 3 millions et 8 millions de téléspectateurs. Même si flics et gens de robe ne se reconnaissent guère dans les représentations de leur exercice. Voilà qui rend compte d’une société de plus en plus inquiète, déstabilisée, qui cherche à se rassurer et/ou à s’inquiéter après 20 h 30. Sans trop se poser de questions. Voilà aussi un appel d’air considérable pour les idées sécuritaires, qui nous habitue à la présence de caméras de vidéosurveillance, à la multiplication des fichiers, aux prélèvements d’ADN.

Parallèlement aux fictions ou aux reportages, police et justice attirent aussi quelques réalisateurs, tels Mosco Boucault ou Joseph Beauregard. Et si les programmes se veulent divertissants, jouant sur le suspense et la compassion, les documentaristes interrogent. Se font l’écho des inquiétudes, creusent et décryptent, sans passer par la case du fait divers tenant en émoi le peuple d’en bas. Avec certes beaucoup moins d’audience, en marge et malgré la frilosité des grandes chaînes, obnubilées par le consensus.

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