Le naufrage moral du sarkozysme

Deux secrétaires d’État, Alain Joyandet et Christian Blanc, viennent de démissionner. Ils faisaient tous deux l’objet de scandales en raison de passe-droits et d’abus financiers. Des évictions qui ne changent rien, sur le fond, à la déliquescence d’un régime miné par les affaires.

Michel Soudais  • 8 juillet 2010
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Le naufrage moral du sarkozysme
© PHOTO : GUEZ/AFP

La démission surprise d’Alain Joyandet et
de Christian Blanc redorera-t-elle l’image
du gouvernement ? Que l’Élysée et Matignon l’espèrent, nul n’en doute. Sitôt la nouvelle
de leur départ connue, le Figaro , qui reste le meilleur vecteur des intentions du pouvoir, expliquait que Nicolas Sarkozy et François Fillon escomptaient que cette double démission calme le jeu et fasse baisser la pression sur Éric Woerth. Un pari assez osé.
Certes, personne ne semblait lundi regretter le départ
de ces deux secrétaires d’État coupables d’avoir puisé sans délicatesse dans leurs budgets pour s’offrir, l’un le confort d’un voyage en jet privé, l’autre le plaisir de fumer de bons cigares sans compter, quand le premier aurait aussi joué
de sa fonction pour obtenir un permis de construire abusif. Cette absence de soutien n’est pas pour surprendre tant les libéralités que ces deux-là s’étaient accordées avaient choqué l’opinion. Mais ils n’étaient pas non plus les seuls membres du gouvernement à avoir été épinglés pour leurs frasques.
Voyages luxueux, logements de fonction, notes de frais salées, salaires astronomiques ou non justifiés, suspicion de conflit d’intérêts… Depuis quelques semaines, les révélations médiatiques des turpitudes de plusieurs membres de l’équipe gouvernementale créent un climat délétère. En droit, ces arrangements avec la morale n’ont le plus souvent rien d’illégal. N’empêche. Leur accumulation dénote, comme l’a fort justement dénoncé Ségolène Royal, la corruption d’un système, en l’occurrence celui mis en place par Nicolas Sarkozy.

Le chef de l’État, qui fut l’un des premiers à revendiquer
que la politique soit un métier, et à prétendre gouverner le pays comme une entreprise, n’a jamais craint d’entretenir un périlleux mélange des genres. Jusqu’à faire de la promotion de l’argent et des riches son véritable projet de société. Dénoncer aujourd’hui ce naufrage moral du sarkozysme,
et en rechercher les causes véritables, est un impératif démocratique.

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