Poésie de l’exil

Le festival Africolor rend hommage à Slimane Azem, chanteur et fabuliste.

Denis Constant-Martin  • 2 décembre 2010
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Slimane Azem (1918-1983) fut l’immigré par excellence. Arrivé en 1937 à Longwy pour travailler dans une aciérie, il devient en 1940 aide-électricien à la RATP. Déporté en Rhénanie, il revient à Paris en 1945 et commence à y faire entendre ses chansons. Il prend la gérance d’un café et finalement achètera une ­petite ferme à Moissac. Slimane Azem vécut trois fois l’exil : la migration de l’Algérie vers la France, la déportation en Allemagne et l’interdiction de retourner dans son pays après 1962. Ses chansons ont connu un grand ­succès à partir des années 1960, et demeurent encore très présentes au cœur des jeunes d’origine algérienne, comme l’ont montré récemment Mouss et Hakim.

Les thématiques de l’exil, la nostalgie d’une tradition idéalisée plantée dans le décor magnifique de la Kabylie ou les obstacles à l’obtention d’une carte de résidence sont exprimés dans un style intensément poétique qui, parfois, met le chanteur en posture de conteur laissant vibrer la langue kabyle sur l’épure d’une mélodie simplement ornementée, quand ailleurs il se fait entendre dans un genre populaire algérois où la guitare remplace le luth. Pour faire revivre la poésie de Slimane Azem, le festival Africolor propose la projection d’un documentaire de Rachid Mérabet et un concert animé par l’un de ses successeurs, Takfarinas.

Slimane Azem, une légende de l’exil, film de Rachid Mérabet, 7 décembre 12 h, université Pari-XIII, IUT de Saint-Denis (place du 8-Mai-1945). Hommage à Slimane Azem par Takfarinas, 11 décembre 20 h, théâtre Gérard-Philippe, Saint-Denis. Festival Africolor : 01 47 97 69 99 ; www.africolor.com
Culture
Temps de lecture : 1 minute
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