Les possibles et nos responsabilités

Une tribune d’Étienne Adam, Clémentine Autain, Pierre Cours-Salies, Bénédicte Goussault, membres de l’exécutif de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase).

Politis  • 20 janvier 2011 abonné·es

Après les fêtes, 61 % de personnes ne font « pas confiance à Sarkozy pour affronter les principaux problèmes qui se posent au pays » . Pour lui, l’essentiel est de contraindre son camp à le soutenir le moment venu : « Moi » ou le chaos d’une défaite aussi aux législatives… voilà qui devrait lui éviter de subir un 2002 à l’envers au profit de la gauche. Pas d’illusion : les mauvais coups vont suivre celui sur les retraites. Contre les libertés. Contre les chômeurs dans la négociation Unedic ; contre la protection sociale : au sujet des retraites complémentaires, puis par l’abandon du principe de solidarité de l’assurance-maladie au profit des assurances privées à partir des questions de la « dépendance »…

Dans un pays où les fortunes des riches ont doublé en dix ans, mettre fin à la spéculation privée permettrait à tous de vivre bien. Une transformation sociale et écologique est possible : avec de nouvelles institutions démocratiques, la socialisation des richesses, une appropriation publique des banques…
Pourtant, ce pouvoir impopulaire peut finir par « gagner » des élections grâce à la division de ses opposants ! L’année 2011 est cruciale pour les mobilisations comme pour une véritable avancée d’une alternative politique. Après des mois de mouvements sociaux, l’extraordinaire énergie populaire qui s’est exprimée ne doit pas être découragée par la dispersion des forces de la gauche de transformation.

Le projet porté par la Fédération a une double dimension : nous souhaitons la création d’une force politique de transformation sociale et écologique rassemblant tous les courants de la gauche d’alternative ; nous voulons aussi la dynamique commune et que convergent donc, dans les luttes et dans les urnes, tous ceux qui veulent une alternative digne de ce nom. Nous avons donc précisé la discussion avec le Front de gauche et le NPA.

Il faut avancer, en sachant que nous n’allons pas cesser « d’être nous-mêmes » et que nous ne voulons rien imposer. Nous savons que l’action commune sur des exigences essentielles peut s’accompagner de débats sur les différences et les divergences. Le rassemblement nécessaire ne doit pas se réduire à un cartel électoral, ni à un regroupement de partis. Il doit tisser des liens avec les mouvements et les forces sociales, et s’ouvrir à la participation directe des citoyen-ne-s. Le Front de gauche et la Fase peuvent partager avec d’autres une construction politique qui rassemble au sein des mouvements et lors des échéances électorales jusqu’à celles de 2012. Nous leur avons écrit : « Nous pensons possible et nous proposons de mettre en place un cadre national de travail en commun, ouvert à toutes les forces qui le souhaiteraient ; de créer les conditions pour que se développent des comités locaux ouverts aux individus et à toutes les forces de la gauche de transformation. La question est simple. Il faut faire un pas en avant. Nous sommes prêts à participer à une telle construction politique. Il appartient au Front de gauche de dire s’il y est prêt lui aussi. Et nous vous proposons d’envisager ensemble comment. »

Nous avons écrit au NPA, à la veille de son congrès : « Nous ne nous résignons pas à ce que tout l’arc des forces ne soit pas réuni lors de la prochaine période électorale, en plus de toutes les convergences indispensables dans les luttes. Nous pensons que la présence du NPA dans un tel rassemblement est nécessaire et serait un atout très important pour faire vivre une radicalité utile à l’émergence d’une véritable alternative politique. » Nous débattons aussi avec les écologistes sur les contradictions du projet politique d’Europe Écologie-Les Verts. Il faut inventer des formes d’agrégations politiques, qui permettent à la fois de faire vivre la diversité des composantes et d’assurer une cohérence. Nous nous engageons à faire exister un outil collectif, une dynamique large, unitaire et populaire, au lieu de rester victimes des effets de la présidentialisation.

Acteurs des convergences, avec toutes les forces qui avancent, sans exclusive : pour battre la droite, contestons l’hégémonie du social-libéralisme dans la gauche. Ainsi, nous favoriserons l’appropriation par tou-te-s du politique.

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