Catastrophe de Fukushima : un débat au point mort en France, des doutes sur la fiabilité des informations
Après les déclarations de Martine Aubry et l’annonce par les Etats européens de tests de sécurité sur leurs centrales nucléaires, les associations restent sceptiques. Elles dénoncent en outre un manque criant de transparence sur la réalité de la situation au Japon.

Sortir du nucléaire continu de suivre avec dépit le débat français. Le revirement de position du Parti socialiste, avec les déclarations de Martine Aubry jeudi, qui estimait qu’il fallait « aller vers une sortie du nucléaire » , est accueilli avec prudence. « On est curieux de voir si Martine Aubry ou même Dominique Strauss-Kahn tiendront les mêmes positions dans un an, pendant le débat pour l’élection présidentielle » , s’interroge Charlotte Mijeon, chargée de projet à Sortir du nucléaire. Avant d’ironiser sur la promesse faite vendredi par les États européens de procéder à des tests de sureté dans toutes les centrales. « S’il faut une catastrophe nucléaire comme celle de Fukushima pour qu’on procède à des tests élémentaires, c’est un peu inquiétant » , juge la chargé de projet qui voit surtout dans ces « stress tests » une opération de communication.
Ces exercices de sécurité pourraient aussi s’avérer pour le moins minimalistes, d’après les opposants au nucléaire civil. « Les discussions étaient engagées pour que l’ensemble des risques soient testés, mais c’est la France qui s’est opposée à faire des tests pour un attentat terroriste , explique Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace France. Le seul point positif que l’on puisse retenir, c’est qu’il y aura un avant et un après Fukushima, comme le disait Martine Aubry lundi matin (sur France Inter). Mais il est encore trop tôt pour savoir où le débat français ira. »
L’Autorité de sureté nucléaire reste par ailleurs très rassurante sur l’éventualité d’une contamination de la France. Elle évoque les résultats de premiers prélèvements avec une « présence d’iode radioactive à des niveaux très faibles (…) sans impact sanitaire pour les populations ou l’environnement. »
Manque de transparence
La nature des informations transmises par les autorités japonaises inquiètent également les associations antinucléaire et de défense de l’environnement. Les autorités « ne sont pas à la hauteur, elles communiquent des informations contradictoires ou conditionnelles, c’est un cauchemar à décrypter, résume Yannick Rousselet. Il faudra des semaines, voir des mois avant de mesurer l’ampleur de la catastrophe. »
La compagnie japonaise Tepco, elle, concentre toujours de nombreuses critiques.
Sous la pression, le propriétaire et l’exploitant de la centrale de Fukushima Daiichi a reconnu avoir falsifié le contenu de rapports d’inspections sur des dégâts survenus en 2002 sur l’enveloppe du cœur de deux réacteurs de Fukushima.
Des révélations ont également fait état de manquements aux normes de sécurité ces dernières années. «Nous avons reçu des (…) lettres qui résonnaient comme des appels désespérés, reflétant l’inquiétude des employés pour leur sécurité en raison des conditions de travail. Les auteurs disaient qu’ils devaient effectuer les travaux d’inspection deux fois plus rapidement que le prescrivaient les directives » révélait l’ancien gouverneur du département de Fukushima, Eisaku Sato, dans un entretien au Monde daté du 29 mars.
Cette opacité fait surtout courir la crainte que le risque sanitaire soit sous-évalué. La Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) dénonce, dans un communiqué, les dissimulations du Département de l’énergie des États-Unis quant aux relevés de radioactivité et l’interruption, « pendant près d’une semaine » , des communications sur les chiffres des prélèvements. Inquiétant.
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