Le passé, terrain miné

Les lendemains
de la guerre d’Algérie
par Christophe Botti.

Gilles Costaz  • 10 mars 2011 abonné·es

Un jeune auteur, Christophe Botti, écrit une pièce autour de la guerre d’Algérie, Frères du bled. En décalage et en flash-back. Dans les années 1980, une famille française de ceux qu’on appelle les pieds-noirs se réunit pour un moment d’hommage au père absent. Celui-ci s’est donné la mort, sans laisser d’explication. La famille s’est un peu dispersée mais, autour de la mère, dans le village qu’elle habite, les deux enfants jumeaux (un garçon et une fille) se sont retrouvés et l’entourent.

Manque le dernier enfant, un jeune homme qui n’a pas donné de nouvelles. Le passé surgit vite dans les premières discussions et met le feu aux poudres quand arrive ce fils imprévisible. Celui-ci est retourné en Algérie, dans la maison même où tous avaient vécu. Tout ressort : la séduction des arguments de l’OAS, la frustration des petites gens ayant quitté ce paradis colonial, le piège où se sont pris les harkis, l’histoire qu’il faut accepter et les secrets privés qu’on a cru garder et qui se dévoilent soudain…

La pièce est anguleuse, coupante, bien construite sur ses révélations successives. La belle mise en scène de Thierry Harcourt dégage la force humaine du texte en laissant sourdre les vérités politiques. Le metteur en scène signe aussi le décor, intelligemment divisé en deux aires de jeu et un ­arrière-plan obsédant. Gabrielle Lazure, Manuel Blanc, Robin Causse, Déborah Grall et Issame Chayle jouent sans effets, brûlants, intenses sous l’apparence quotidienne.

Culture
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