Bannir les lingettes

Pauline Graulle  • 1 septembre 2011 abonné·es

­Que faire ?


Au lieu de jeter vos lingettes, arrêtez d’en acheter ! « Pas si simple », grogne Marie, pour qui chaque corvée est, au quotidien, réalisée à l’aide de ces tissus imbibés : paquet blanc pour essuyer les fesses de sa petite Eva, parme pour débarbouiller sa bouche, orange pour lustrer le parquet du salon, vert pour astiquer le scooter, rouge pour les WC, bleu pour ses vitres, mauve pour la poussière, rose pour se démaquiller, jaune pour curer les oreilles de son chat…
Sylvie, la maman de Marie, rappelle à sa fille que, de son temps — pas si lointain ! –, serpillières, éponges, cotons et gants de toilette trempés dans l’eau savonneuse faisaient largement l’affaire. Et si le coup de chiffon à l’ancienne file des boutons à sa progéniture, pourquoi ne pas utiliser des lingettes en coton bio, lavables en machine — elles sont chères (12 euros le lot de 10), mais durent plusieurs mois –, ou des lingettes biodégradables (comptez 5 euros la soixantaine) ?

Pourquoi ?


Seul « avantage » des lingettes : on utilise moins d’eau. Pour le reste, elles sont un gouffre économique, une hérésie écologique et une prise de risque pour la santé. À 3 euros en moyenne le paquet de 70, le WWF estime qu’utiliser des lingettes revient 16 fois plus cher que se débrouiller sans. Faites le compte : en un an, la petite Eva a usé quelque 3 000 lingettes (2 lingettes x 4 changements de couche par jour), et ses parents plus de 600, rien que pour le ménage…


Côté écologie, les lingettes, emblèmes de la société du « tout-jetable », sont une calamité : selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, les lingettes de nettoyage ménager, suremballées, « génèrent 3 à 6 fois plus de déchets que les produits traditionnels tout en contribuant à la pollution de l’air ». En cause, les produits chimiques dont elles sont imprégnées : cire, anticalcaire, alcool et même… parabènes. Autant de substances pouvant se révéler allergènes, voire toxiques en cas de contact prolongé.


Dernier argument massue pour se passer de lingettes : elles servent moins au bonheur de la « ménagère » qu’à remplir les caisses des géants de l’hygiène ! Comme la multinationale Procter & Gamble, leader sur le marché, qui affiche 80 milliards de chiffre d’affaires. Il faut dire que les marketeurs ont fait preuve d’une imagination débordante pour segmenter le marché et nous pousser à la consommation tous azimuts. Si, en France, le plus gros poste de consommation reste les lingettes pour bébés (apparues dans les années 1990), aux États-Unis, il existe désormais des dish wipes, des lingettes pour… faire sa vaisselle !




Comment ?

-Pour résister à la folie de la lingette, rien de tel que les ustensiles classiques (balai, serpillière, vieilles chaussettes transformées en chiffons…) utilisés avec des produits bios.


-S’il est impossible de faire autrement (trajets, changement de couche en plein square…), plusieurs marques de lingettes recyclables et au savon naturel (ex : Douce Nature) sont disponibles en magasin bio, pharmacie ou Internet. Au pire, des lingettes biodégradables (même si on sait bien que le 100 % dégradable est un doux rêve).

Le geste utile
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