Explosion sur un site nucléaire de Centraco : « Nous n’avons pas confiance en l’ASN »

Après l’accident survenu lundi 12 septembre dans le site nucléaire de Marcoule (Gard), le réseau Sortir du nucléaire revient sur la gestion des déchets radioactifs.

Erwan Manac'h  • 13 septembre 2011
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Explosion sur un site nucléaire de Centraco : « Nous n’avons pas confiance en l’ASN »
© Photo : AFP / Boris Horvat

L’explosion est survenue en fin de matinée lundi 12 septembre dans un four servant à fondre les déchets radioactifs métalliques « de faible et très faible activité » radioactive, selon l’autorité de sureté nucléaire (ASN). En fin de journée, le bilan faisait état du décès d’un employé de la Socodei, filiale d’EDF qui gère l’usine de retraitement Centraco, dans le centre nucléaire de Marcoule (Gard).. Quatre personnes ont également été blessées, dont une grièvement brûlée.

L’ASN assurait en fin de journée que «l’accident» était «terminé» et qu’ « aucun rejet » n’avait été enregistré « à l’extérieur de l’installation » . De son côté EDF parlait d’un « accident industriel » et non pas « nucléaire ».

Trois questions à Marc Saint-Aroman du réseau Sortir du nucléaire. Il exprime sa méfiance envers les informations de l’ASN.

De quel type d’usine parle-t-on ?

Il s’agit d’une usine de traitement et d’incinération de déchets « de faible activité », d’après l’appellation officielle, mais en fait pas seulement. D’anciens couvercles de cuves de réacteurs, qui entrent en contact avec le circuit primaire, y sont parfois fondus, et leur radioactivité est assez élevée.

Le rapport annuel d’EDF précise que deux couvercles de cuves ont justement été transférés récemment de l’usine de Golfech (Tarn-et-Garonne) à celle de Centraco. Nous ne savons pas si ces couvercles étaient dans le four au moment de l’explosion. Il existe peu d’usines de ce type en France, parce que les riverains ne veulent pas d’un centre de retraitement près de chez eux.

La gestion de l’accident vous semble-t-elle transparente ?

Non. D’une part, nous ne savons pas encore si l’enceinte de confinement du four a été endommagée par l’explosion. Ce qui est certain, c’est qu’il y a eu des émissions de radioactivité après l’explosion. La question est de savoir si ces émissions ont été relâchées dans l’environnement. Je crains que ces enceintes ne soient pas conçues pour résister à ce type de pression.

D’autre part, nous n’avons pas confiance en l’ASN et EDF. Il existe des balises à Marcoule pour relever la radioactivité, mais il est très peu probable qu’on dispose un jour des résultats de ces relevés. Nous nous fions seulement aux relevés de la Criirad
[^2], qui sont heureusement assez rassurants pour le moment. Les autorités ont toujours délivré des informations tronquées, et cela s’est encore confirmé après Fukushima. Les officiels sont parfois très compliqués dans leurs explications ou, à l’inverse, très simplistes. Ils évitent la plupart du temps de répondre à des questions précises, comme la résistance des centrales à un attentat, par exemple. Ils ont une technologie à faire durer.

Socodei, qui gère l’usine où est survenue l’explosion, est une filiale d’EDF. Cela a-t-il une importance ?

Mais notre message est avant tout que le nucléaire est une énergie intrinsèquement dangereuse, de la mine aux déchets. EDF réclame des moyens pour faire une énergie propre. Mais rien ne pourra jamais nous prémunir d’une erreur humaine ou d’un problème technique.

[^2]: Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité

Écologie
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