Vies en rom

Histoires donne la parole à trois Tsiganes de Tchéquie et de Slovaquie.

Marion Dumand  • 22 septembre 2011 abonné·es

Au départ, il y avait la volonté d’une anthropologue et d’une ethnologue : « Raconter la vie des Roms en République tchèque et en Slovaquie ». À l’arrivée, le lecteur découvre Histoires, une bande dessinée de 360 pages qui ne raconte pas la vie des Roms, mais trois vies, différentes, touchantes, déstabilisantes. « Nous nous sommes laissé guider par l’originalité de chacun de nos héros, écrivent les auteurs dans la préface, sans pouvoir trouver de dénominateur commun à ces trois destinées. » Et c’est une double réussite. D’abord grâce à l’honnêteté de la démarche. Avec son dessin réaliste, élaboré grâce à des photos et des vidéos, Histoires donne à voir sa propre élaboration : les trois auteurs se mettent en scène lors des entretiens et des déplacements. Ensuite par les parcours d’Albina, de Ferko et de Keva.

Âge, lieu, attente… Ces trois-là ne partagent rien. Si ce n’est, aux yeux extérieurs, d’appartenir à « la » communauté rom. D’âge mûr, Ferko a la parole magique, entre réalité et conte, et l’errance bien ancrée. Trouver Ferko prend toujours du temps, mais le bouche-à-oreille fonctionne. Une fois qu’on l’a trouvé, alors sa bouche s’anime, et les oreilles hésitent entre émerveillement et incrédulité. Albina a rêvé d’amour « Harlequin » : elle a connu un mariage, des enfants en pagaille, puis des coups. Avant l’ébranlement d’une rencontre interdite avec un travailleur d’ONG. Keva, elle, est jeune, libre, décidée. Son histoire, elle veut la maîtriser. Elle la relit, la commente, refuse des planches, évite des questions. Ferko, Albina et Keva sont des sujets, au sens propre.

Culture
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