Chacun dans son genre

Le 22 octobre, une journée internationale d’action réclame la dépsychiatrisation des transsexuels.

Noëlle Guillon  • 20 octobre 2011 abonné·es

« Pathologisation, stérilisation » . Ce sont les mots du collectif Existrans pour dénoncer une « transphobie d’État » . En France, un décret de février 2010 avait annoncé une sortie des transidentités de la classification psychiatrique. « La seule conséquence de ce décret est une complexification de la démarche de prise en charge par la Sécurité sociale, qui est maintenant uniquement à la discrétion du médecin traitant le dossier » , affirme le collectif lillois Stop Trans Pathologization 2012, qui s’associe à la mobilisation mondiale organisée le 22 octobre.

La tutelle psychiatrique reste cependant très lourde dans la prise en charge médicale, mais aussi dans la demande de changement d’état civil. « Actuellement, un certificat psychiatrique est systématiquement demandé lors du jugement de changement d’état civil » , rapporte le collectif.
L’avocat Me Jean-Bernard Geoffroy, qui a plaidé plusieurs demandes de changement d’état civil, précise qu’ « une circulaire du 14 mai 2010 a au moins demandé aux parquets de supprimer les demandes d’expertises psychiatriques supplémentaires quand le dossier médical en comporte déjà une. Cela a raccourci les procédures » .

Cette circulaire vise également à uniformiser les pratiques en conditionnant l’obtention d’un avis favorable à un « changement de sexe irréversible » , sans exiger pour autant l’ablation des organes génitaux. La notion floue est donc laissée à l’appréciation des tribunaux. Questionné par Maryvonne Blondin, sénatrice du Finistère, sur la signification de cette « irréversibilité » , Michel Mercier, ministre de la Justice, a précisé que le caractère irréversible découlait de l’hormono­substitution, qui gomme certains aspects physiologiques, notamment la « fécondité » .

Or certains trans ne souhaitent pas aller jusque-là. D’où leur perception d’une « stérilisation forcée » pour avoir le droit de changer d’état civil. « Le sens du mot “irréversible” est encore compris comme stérilisation, rapporte le collectif lillois, donc violation du corps. » Pour Me Geoffroy, « ce qui est en jeu, c’est la déjudiciarisation du changement d’état civil » , soit la possibilité de changer son prénom et la mention de son sexe via de simples démarches administratives.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Antifascisme : la riposte citoyenne reprend des forces
Luttes 25 avril 2025

Antifascisme : la riposte citoyenne reprend des forces

Dans les rues lors des manifestations et rassemblements, au sein d’organisations militantes et de collectifs de solidarité, une multitude de voix s’élèvent partout en France pour opposer à la haine un front populaire, solidaire et déterminé.
Par Maxime Sirvins
France-Algérie : « Nous sommes les enfants de parents divorcés »
Témoignages 25 avril 2025

France-Algérie : « Nous sommes les enfants de parents divorcés »

Alors que les deux pays n’en finissent plus d’entretenir des relations belliqueuses, plusieurs millions de citoyens, des deux côtés de la Méditerranée, subissent des dirigeants qui semblent plus animés par des enjeux de politique intérieure qu’étrangère.
Par Kamélia Ouaïssa
Michaël Fœssel : « Nous sommes entrés dans un processus de fascisation »
Entretien 24 avril 2025

Michaël Fœssel : « Nous sommes entrés dans un processus de fascisation »

Dans Une étrange victoire, écrit avec le sociologue Étienne Ollion, Michaël Fœssel décrit la progression des idées réactionnaires et nationalistes dans les esprits et le débat public, tout en soulignant la singularité de l’extrême droite actuelle, qui se pare des habits du progressisme.
Par Olivier Doubre
En France, l’État acte l’abandon des quartiers
Quartiers 23 avril 2025 abonné·es

En France, l’État acte l’abandon des quartiers

En voulant supprimer l’Observatoire national de la politique de la ville, le gouvernement choisit de fermer les yeux sur les inégalités qui traversent les quartiers populaires. Derrière un choix présenté comme technique, c’est en réalité un effacement politique du réel qui se joue. 
Par Maxime Sirvins