Préférez l’eau du robinet

Patrick Piro  • 27 octobre 2011 abonné·es

Que faire?

« Eh Magnus, t’as pensé à changer le filtre ? » Euh, non, il a zappé en rentrant de vacances. C’est qu’on l’oublie facilement, la cartouche rechargeable : avec une capacité de traitement de 10 000 litres d’eau, ça leur fait l’année. Avant, ils avaient une carafe filtrante. Magnus râlait : il fallait la nettoyer et changer la cartouche tous les deux mois. Et surtout, il n’a jamais été très convaincu que l’eau du robinet méritait un rab de traitement. Mais pour Kriss, c’était la condition à l’abandon de son pack hebdo d’eau minérale. Et comme c’est Magnus qui se tapait les quatre étages…

Le nouveau système, directement branché sur le robinet, a pacifié le sujet : il suffit de basculer une manette pour filtrer l’eau. C’est rapide, à la demande, l’eau ne stagne pas. Et le montage est trivial, zéro bricolage. Kriss a bien tenté de suggérer qu’un modèle à osmose, plus performant, avec mamie un peu fragile… Ça n’est pas passé. « T’as vu combien ça coûte, pour capturer les quelques milligrammes de nitrates restants ? Elle en ingurgite bien plus avec sa laitue… »

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Pourquoi?**

Les Français sont parmi les premiers buveurs d’eau en bouteille au monde. Ils le doivent surtout à la publicité des marchands qui matraquent sur la « pureté » de leur liquide. Pourtant, sauf rares cas de préconisation (et pour les nourrissons éventuellement), la bouteille n’a aucun argument décisif face au robinet :

– santé : à l’exception de zones identifiées, comme en Bretagne, où le taux de nitrates agricoles dépasse régulièrement la norme de 50 microgrammes par litre (mg/l), l’eau « en tuyau », sous haute surveillance sanitaire, est parfaitement saine. On relève de rares contaminations accidentelles, mais les eaux en bouteille (moins contrôlées) y sont aussi sujettes. Si l’on veut se rassurer, le filtrage à cartouche au charbon actif (le plus courant) retient d’éventuels résidus de métaux lourds et de pesticides – pas les nitrates, il faut des cartouches spécifiques (à résine). Effet sanitaire positif, avec le robinet : moins de lumbagos dus à la corvée de flotte.

– le goût : le filtrage élimine le chlore (bactéricide). Mais on obtient le même résultat en entreposant une bouteille une heure au réfrigérateur.

– le porte-monnaie : la Bérézina pour la bouteille, 200 fois plus chère au litre que le robinet !

– l’écologie : la catastrophe encore pour l’eau sous plastique. Les bouteilles (5 à 7 milliards par an pour la France !), issues du pétrole, parcourent des centaines de kilomètres jusqu’à nos tables. Et moins de la moitié seront recyclées.

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Comment faire?**

Vous pouvez contrôler la qualité de l’eau en mairie ou bien sur votre facture d’eau, où vous trouverez périodiquement des infos détaillées sur la qualité de l’eau de la commune.

Coût des systèmes de filtrage : quelques dizaines d’euros selon sophistication, en supérettes bios et grands magasins. À l’usage, jusqu’à moins d’un centime par litre filtré avec les grandes cartouches.

Le geste utile
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