FN, un an de mystification

Michel Soudais  • 12 janvier 2012
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Illustration - FN, un an de mystification

Il y a un an, presque jour pour jour, Marine Le Pen succédait à son père, Jean-Marie Le Pen. Élue avec 67,4 % des voix des militants face à Bruno Gollnisch, le candidat des courants traditionalistes, elle a depuis les mains libres pour incarner le nouveau visage du Front national. Et transformer un parti qu’elle dit vouloir conduire un jour au pouvoir.

Nous n’en sommes pas encore là. Mais la nouvelle patronne peut déjà se flatter d’avoir engagé le redressement de son parti. Le nombre d’adhérents, en hausse, flirte avec la barre des 30 000, contre 9 000 après les débâcles présidentielle et législatives en 2007. Les élections cantonales de mars 2011 ont nettement confirmé un redressement électoral entamé lors des régionales du printemps 2010. Enfin, les sondages présidentiels créditent régulièrement Mme Le Pen de scores flatteurs, susceptibles de lui permettre d’envisager de figurer au second tour en cas d’effondrement d’un des deux favoris.

Trois raisons peuvent expliquer cette embellie du mouvement d’extrême droite. Marine Le Pen continue de bénéficier de l’attrait de la nouveauté, bien qu’elle ait siégé dans les plus hautes instances dirigeantes du FN depuis plus de dix ans. Elle a su habilement redorer l’image de son parti : en bannissant tout folklore de ses manifestations, en évacuant de son discours les marqueurs les plus traditionnels de l’extrême droite. À la place, elle multiplie les références à la République, affirme défendre la démocratie, se réclame de l’héritage de la Résistance, prône une laïcité intransigeante… Cela ne modifie pas fondamentalement le discours frontiste mais en renouvelle l’argumentaire. Par complaisance ou absence de mémoire, ses adversaires politiques – mais aussi la presse – n’ont guère décrypté cette mutation de pure forme. Ce faisant, et c’est la troisième cause du retour du FN, ils ont accrédité une mystification : l’existence d’un « nouveau » Front national.

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