Ne pas se précipiter sur les LED

Patrick Piro  • 5 janvier 2012 abonné·es

Que faire ?

Tiens, fils, regarde, tu vas voir briller la clarté du futur ! » C’est une lampe à LED [^2], qu’il déballe fébrilement : même culot à vis, ça rentre (il redoutait – trop beau pour être vrai). « Elle éclairera tes petits-enfants : 100 000 heures de durée de vie, l’équivalent d’un siècle de service… » Vertige de la transmission générationnelle.

« Là, je peux appuyer sur le bouton ? » Bien sûr qu’il peut inaugurer cette odyssée !

Et la lumière fut ; et un grand silence avec.
– Ce gros rayon, c’est normal, pap’s ? Et qui clignote !

– …

– Et si mes petits-enfants n’aiment pas le bleu ?

– …

– Je peux te la taper ? On a une soirée gothique avec les copains du collège…
Benoît avait attrapé la première venue dans le rayon (la moins chère). Pour son plafonnier, il fallait une lampe « d’éclairage général », pas « à flux directionnel » ou « d’accentuation » (c’est souvent un picto qui l’indique). Pour la puissance d’éclairage, c’est le nombre de « lumens » (lm) qui compte. Il faut au moins 700 lm pour une « équivalent 60 W à incandescence ». Il n’y a pas mieux pour l’instant en LED. Elles sont aussi éco’ que les fluos : 12 W environ pour 700 lm.

Ensuite, très important, la valeur de « température de couleur », qui caractérise l’ambiance. De 2 700 K – blanc « jaune » (celui de l’incandescence) –, à 6 000 K ou plus – blanc « froid » ou « lumière du jour » (6 400 K), tirant sur le bleuté. À ne pas confondre avec l’indice de rendu des couleurs (IRC, de 0 à 100), qui traduit la fidélité à la teinte des objets. Au-delà de 80, c’est proche de la lumière naturelle. Les valeurs inférieures n’étant pas autorisées à la vente, l’IRC n’est pas toujours indiqué. La durée de vie : 15 000 heures (c’est pas mal), jusqu’à 30 000 heures. Au-delà commence le fantasme. On trouve aussi la durée de montée en puissance et le nombre d’allumages-extinctions supportés (en général meilleurs qu’avec les fluos), la possibilité d’utiliser un variateur, etc. Il n’y a pas de mercure dedans, mais attention aux lampes de mauvaise qualité, qui papillotent et dont la composante bleue est mal filtrée (nuisible pour la rétine à terme…). Ça n’est pas indiqué sur l’emballage ! Toujours là, Ben ?

Pourquoi ?

Les lampes à LED grignotent les gondoles, nimbées d’un halo de magie : supersobres, hyper-longue durée, pas brûlantes comme les ampoules à « incandescence »… Ça rappelle les fluocompactes à leurs débuts, mais à la puissance 10. Et ces lampes n’ont pas encore d’étiquette énergie : les marchands vont bien plus vite que les normalisateurs (ballot, non ?). Il faut donc apprendre à déchiffrer l’emballage (comme avec les fluos), ou… ne pas s’emballer, et attendre que les pouvoirs publics et les professionnels y mettent un peu d’ordre.

Comment ?

Ersatz de conseil, faute de mieux : on risque plus de tomber sur des LED de mauvaise qualité dans les bas prix et les marques inconnues.
Pour une 700 lm/12 W de marque, compter… 50 euros.

[^2]: LED : l’acronyme anglais qui a éradiqué DEL (pour diode électroluminescente).

Le geste utile
Temps de lecture : 3 minutes