Bruxelles propose une thérapie de choc

Les « recommandations » adressées à la France par la Commission européenne, le 30 mai, sont une invitation à ne pas mettre en oeuvre une politique de gauche dans notre pays.

Michel Soudais  • 7 juin 2012 abonné·es

La Commission européenne a dévoilé le 30 mai ses recommandations économiques pour chacun des États membres de l’UE. Ces ordonnances dispensées en application d’une disposition du Semestre européen qui consiste à contrôler les projets de budget des États avant leur vote par les parlements nationaux préconisent, sans surprise, une médecine très libérale. À rebours du choix des électeurs français le 6 mai, en ce qui concerne la France.

Le rapport de la petite équipe de fonctionnaires européens venue enquêter discrètement à Paris pendant la campagne présidentielle concerne la politique budgétaire mais aussi les réformes structurelles. « Il n’est toujours pas acquis que le déficit excessif sera corrigé d’ici à 2013 », s’inquiète la Commission, qui semble ignorer l’objectif réaffirmé de François Hollande de revenir à 3 % l’an prochain. Selon elle, pour y parvenir dans une « situation macroéconomique […] moins favorable que celle attendue par [ses propres] prévisions » du printemps, le gouvernement devra prendre « des dispositions supplémentaires ».

Elle approuve la réforme des retraites mise en œuvre par le gouvernement Fillon tout en la jugeant insuffisante à long terme, ce qui la conduit à réclamer « des réformes supplémentaires à l’horizon 2020 ». Très préoccupée par le déséquilibre commercial et la perte de compétitivité de la France, la Commission applaudit la création de la « TVA antidélocalisation » de Sarkozy, que le PS a promis d’abroger avant sa mise en application : « C’est une mesure appropriée », écrit-elle, qui « peut contribuer à améliorer la compétitivité des exportations françaises, avec, potentiellement, un impact positif sur la profitabilité [sic] des entreprises ».

Elle demande au gouvernement de faciliter les licenciements, dont la procédure « entraîne toujours des incertitudes et fait peser des coûts potentiellement considérables sur les entreprises », et prône la modération salariale : « Il apparaît nécessaire que toute évolution du Smic soutienne l’emploi. […] L’augmentation des coûts salariaux unitaires a mis sous pression la profitabilité [re-sic] des entreprises » et réduit leur capacité à se moderniser. La Commission réclame en outre que soit « renforcée […] l’intensité de la compétition dans nombre d’industries en réseau (électricité, secteur du rail) », ainsi que dans le commerce de détail et les services où la concurrence est jugée « sous-optimale ».

En résumé, pour la satisfaire, il faudrait ouvrir les commerces sept jours sur sept, privatiser EDF et la SNCF.