Pascal Durand, l’homme de la situation pour EELV

L’ancien directeur de campagne de Nicolas Hulot est le probable successeur de Cécile Duflot à la tête d’Europe Écologie-Les Verts. Portrait.

Alexis Duval  • 21 juin 2012 abonné·es

Même si elle n’est pas encore officiellement actée, la transition est déjà amorcée. Seul candidat déclaré à la succession de Cécile Duflot, nommée ministre de l’Égalité des territoires et du Logement, Pascal Durand fait logiquement figure de favori pour diriger Europe Écologie-Les Verts (EELV).

Depuis quelques semaines, l’actuel porte-parole du parti s’est montré plutôt disert dans les médias en s’exprimant sur la campagne des législatives. Il avait notamment salué « l’attitude courageuse » de Nathalie Kosciusko-Morizet face au FN.

Peu connu du grand public, l’homme de 51 ans brille par sa discrétion. Difficile d’exister au côté d’une Cécile Duflot omniprésente. L’intéressé le concède, « [sa] nature n’est pas de bousculer pour être toujours sur le devant de la scène ». Pour le député-maire de Bègles, Noël Mamère, ce n’est pas forcément un défaut : « Je trouve ça plutôt bien d’avoir des hommes qui ne cherchent pas systématiquement à être au premier plan et qui sont là pour servir leurs idées. »

Sa conviction politique, Pascal Durand l’a d’abord puisée dans son histoire familiale. Fils de militants communistes, petit-fils d’un antifasciste italien, l’homme évoque avec fierté et émotion ceux qui ont construit son parcours. Du fait de l’exclusion de sa mère du PC en 1970, il dit avoir reçu « une éducation communiste débarrassée de la logique de parti et de l’essentiel des défauts ».

Le jeune Pascal fait sa première campagne de militant aux Amis de la Terre de René Dumont en 1974. Il n’a alors que 13 ans. Rapidement, il fréquente les milieux gauchistes avec sa soeur et son beau-frère, et se nourrit de libertarisme. Dans la continuité de ses combats, Pascal Durand se tourne vers le métier d’avocat, où il emploie « les armes de la conviction » . C’est la rencontre décisive avec Nicolas Hulot en 2006 qui va le remettre au coeur de l’arène politique.

« Je suis devenu son conseiller politique pour la précampagne, puis j’ai été son directeur de campagne lors de la primaire écologiste » , explique-t-il, avant de préciser : « Contrairement à ce qui a été dit, je n’ai jamais été membre de sa fondation. »

Autre bonne fée à s’être penchée sur son berceau : Daniel Cohn-Bendit, avec qui il fonde Europe Écologie en 2008. « C’est lui qui a porté le combat des élections européennes et accepté de me faire confiance ; sans lui, Europe Écologie n’existe pas » , indique Pascal Durand.

Malgré de profonds désaccords survenus après le scrutin, il décrit sa relation avec l’icône de Mai 68 comme « un lien affectif et politique très fort » . Au congrès de La Rochelle en juin 2011, il est deuxième sur la motion de Cécile Duflot. Dès le premier tour, la secrétaire nationale l’emporte haut la main avec plus de 50 %. « Elle a fait beaucoup pour le rassemblement du
parti »
, dit-il. Une valeur qui lui est chère. À ses yeux, sans union, pas de salut : « On ne s’en sortira qu’en réunissant les écologistes, sans oublier
nos différences. »
Aux yeux de Rodrigo Arenas, membre du bureau régional EELV Île-de-France, « Pascal est la personne qui peut gérer la transition de façon apaisée et faire la synthèse entre Daniel Cohn-Bendit et Cécile Duflot » . Même son de cloche du côté de Noël Mamère, qui salue une personnalité « responsable au caractère entier ».

Homme de consensus sans être fantoche, Pascal Durand est un idéaliste au sein de l’appareil. Selon toute vraisemblance, il ne devrait rencontrer aucune opposition lors du vote du comité fédéral du 22 juin. Le dauphin de Cécile Duflot n’a pas encore été officiellement élu que le sénateur Jean-Vincent Placé lui prédit une mandature inscrite dans la durée : « Je pense qu’il faut envisager un quinquennat de Pascal Durand. » De la part d’un
poids lourd du parti, la phrase vaut son pesant d’or.

Politique
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