Des OGM autorisés ?

Les Faucheurs volontaires attirent l’attention sur le danger potentiel des plantes obtenues par mutagenèse. Explications.

Florent Lacaille-Albiges  • 13 septembre 2012 abonné·es

Dimanche 2 septembre, des Faucheurs volontaires ont mené plusieurs opérations de fauchage partiel dans la Drôme et dans l’Isère contre des tournesols OGM… qui n’en seraient pas ! C’est du moins ce qu’affirme la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, qui indique que les « variétés obtenues par mutagenèse […] ne sont pas des OGM ». Pour la Confédération paysanne, en revanche, ce sont bien des OGM . Pourquoi cette divergence ? La fédération FNSEA de l’Isère explique : « Ces techniques ne sont pas obtenues par l’introduction dans la plante d’un gène extérieur. » En fait, la mutagenèse consiste à encourager les mutations génétiques – qui peuvent se faire naturellement – en appliquant un agent mutagène sur un grand nombre de plantes. Pour obtenir une variété tolérante aux herbicides (VTH), il suffit ensuite de sélectionner les « bonnes mutations » en détruisant les plantes non mutées avec un herbicide.

Légalement, la directive européenne sur les OGM identifie les plantes obtenues par mutagenèse comme génétiquement modifiées… mais pour les exclure de son champ d’application. Ainsi, ces plantes ne sont pas soumises à l’obligation d’évaluation, de traçabilité et d’étiquetage. La mutagenèse est donc une façon d’obtenir une plante transgénique non soumise à la réglementation sur les OGM, mais tolérante aux herbicides. « Ici, c’est moins la mutagenèse que cette dernière propriété qui peut poser problème. Les risques agronomiques ou environnementaux potentiellement associés à la tolérance à un herbicide sont les mêmes quel que soit le mode d’obtention de cette tolérance », explique Antoine Messean, responsable de l’unité Impacts écologiques des innovations en production végétale à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Ces risques ont été étudiés dans une expertise menée par l’Inra et le CNRS, qui souligne que l’emploi accru d’un même herbicide augmente les risques de pollution et d’apparition de mauvaises herbes résistantes. Car, pour les mauvaises herbes comme pour les bonnes, l’exposition massive à un herbicide favorise la sélection des plantes mutées (naturellement), donc les résistances.

Écologie
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