Homes, sweet Homes

Avec ce premier album, Jonathan Orland propose un jazz mainstream très prometteur.

Lorraine Soliman  • 25 octobre 2012 abonné·es

La pression du premier disque, le saxophoniste Jonathan Orland, 26 ans au moment des faits, l’a jugulée comme un chef. Homes – avec un « s » synonyme de fluidité dans la rencontre humaine et musicale, autrement dit « se sentir chez soi partout » –, enregistré à Brooklyn en mai 2011, résultat de quatre années à l’école bostonienne (l’illustre Berklee College of Music), reflète cette énergie du dépassement. Et cette volonté de simplicité que le jeune altiste exprime lorsqu’il raconte l’aventure, quelques mois après. Ce désir de «   sonner simple », Orland l’a notamment hérité de son maître, le saxophoniste ténor George Garzone, qui apparaît sur  Homes .

Jouer les vieux standards sans préconception, «   un peu comme une chanson », en restant très mélodique et ouvert sur tous les possibles, pour mieux contraster avec les compositions personnelles très travaillées : c’était l’un des objectifs, accompli, de cet album. Autour d’Orland, trois jeunes complices rencontrés pendant ses années américaines : Sharik Hasan au piano, Lim Yang à la contrebasse, Jun Young Song à la batterie. Sans oublier le guitariste Greg Duncan, à la fluidité incomparable, qui intervient comme une deuxième voix, «   un peu comme si c’était un autre soufflant   », tout en sobriété et en complémentarité avec le swing naturel du saxophoniste. Pendant que la section rythmique accompagne et drive les mélodistes avec la maîtrise des plus grands. La recherche d’un son est la grande obsession de Jonathan Orland. Tandis que beaucoup de jeunes saxophonistes abandonnent l’alto, resté attaché à la vélocité du bebop, Orland décide de persévérer, à la recherche d’un son « qui peut toujours changer ». Dans cette quête, il écoute surtout du ténor, instrument plus épanoui dans le jazz moderne. Le soprano ? «   Je le vois comme une extension de l’alto, qui me permet d’avoir un jeu plus lyrique et plus audacieux ». Ce premier quintet, c’est donc un choix d’instrumentation dans un premier temps, ensuite c’est une histoire de rencontres, l’enchantement et la détermination faisant le reste. Lucide, Orland conclut : «   J’ai besoin de plus de liberté. Pour ce disque, j’étais encore un peu étudiant. J’avais emmagasiné beaucoup d’informations, j’avais beaucoup de choses dans la tête qui n’étaient peut-être pas complètement digérées. » À l’écoute de Homes, c’est avant tout la fraîcheur et la décontraction qui transparaissent, au service d’une musique en pleine expansion.

Musique
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